Les Nations Unies ont exprimé leurs préoccupations concernant l’annonce par la Turquie de son retrait de la Convention d’Istanbul contre les violences faites aux femmes.
Dans un décret publié dans la nuit de vendredi à samedi, le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a annoncé que son pays cessait d’être partie à la Convention du Conseil de l’Europe sur la prévention et la lutte contre la violence à l’égard des femmes et la violence domestique. La Convention dite d’Istanbul avait été ratifiée dans la ville turque du même nom le 11 mai 2011. La Turquie avait été le premier pays à ratifier cette convention l’année suivante.
L’équipe-pays des Nations Unies s’est dit « profondément préoccupée » par cette décision. « La Convention d’Istanbul, ratifiée par le gouvernement de la République de Turquie en 2012, vise à protéger les femmes contre toutes les formes de violence et à prévenir, poursuivre et éliminer la violence à l’égard des femmes et la violence domestique », a-t-elle ainsi rappelé dans un communiqué publié samedi.
« C’est le premier et le plus complet traité international traitant spécifiquement de ces questions et s’appuie sur les normes consacrées dans la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (CEDAW) », a-t-elle ajouté.
ONU Femmes a également partagé les préoccupations exprimées par l’équipe-pays des Nations Unies en Turquie et d’autres partenaires concernant le retrait turc de la Convention d’Istanbul, alors que les États membres de l’ONU sont actuellement réunis dans le cadre de la 65e session de la Commission de la condition de la femme pour faire progresser les normes et standards qui font progresser les droits des femmes.
« Cette action intervient à un moment où une action internationale concertée et un engagement pour mettre fin à la violence à l’égard des femmes et des filles sont plus importants que jamais », a déclaré samedi ONU Femmes. Cette dernière cherche à mobiliser une action multipartite et intergénérationnelle encore plus grande sur cette question, « le mouvement des femmes étant clé dans ces efforts ».
ONU femmes a exhorté la Turquie à reconsidérer son retrait de la Convention d’Instanbul. L’agence onusienne a souligné l’augmentation des violences signalées à l’égard des femmes et des filles pendant la pandémie de Covid-19 en raison de mesures telles que les confinements et les perturbations des services de soutien vitaux, qui s’ajoutent aux niveaux extrêmes de violence déjà existants réaffirmés dans un dernier rapport de l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
Dans le contexte de la pandémie, les Nations Unies a rappelé le besoin urgent d’unité et de réponse ferme face à l’accentuation des violences faites aux femmes qualifiée par ONU Femmes de « pandémie de l’ombre ». « La ratification et la mise en œuvre de la Convention d’Istanbul par les États est un engagement crucial dans cette direction », a précisé l’agence onusienne.
« Nous nous associons à ceux qui exhortent le gouvernement de la République de Turquie à continuer de protéger et de promouvoir la sécurité et les droits de toutes les femmes et filles, notamment en restant attaché à la pleine application de la Convention d’Istanbul, qui s’appuie sur les normes consacrées dans la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes ainsi que ses recommandations générales et sa jurisprudence », a dit ONU Femmes.