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Attentats à Paris: les lycéens du Mans dans la rue
Une manifestation d’hommage est prévue ce mardi sur la place du Capitole de Toulouse. Les toulousains sont invités à se réunir à 17h30 sur la place du Capitole.
À la suite de la réunion qui s’est tenue samedi soir en Préfecture, il a été décidé d’appeler à un rassemblement populaire pour rendre hommage aux victimes des attentats du 13 novembre et pour témoigner de la reconnaissance portée aux secours et forces de l’ordre. Ainsi, ce rassemblement se tiendra mardi 17 novembre sur la Place du Capitole, à partir de 17h30. Une minute de silence sera respectée à 18h précises, heure à laquelle le Capitole s’illuminera aux couleurs du drapeau français. Dans un communiqué de presse commun, plusieurs partis politiques ont d’ores et déjà appelé à se joindre à cette manifestation « Face à l’indicible, face à la barbarie et à l’obscurantisme, nous souhaitons réaffirmer notre attachement viscéral aux valeurs de la République qui fondent notre vivre ensemble » ont notamment proclamé les responsables du parti Les Républicains et ceux du Parti socialiste.
Une première cérémonie d’hommages et de recueillement a été organisée lundi à la Halle aux Grains. Le maire de Toulouse Jean Luc Moudenc, le président de la région Midi Pyrénées, Martin Malvy et le préfet de région Pascal Mailhos y ont prononcé d’importantes allocutions. Les voici in extenso :
Pascal Mailhos, préfet de région, préfet de la Haute Garonne :
Quelques jours après les attaques barbares – sans précédent dans notre histoire – qui ont frappé notre pays, et alors qu’un deuil national de trois jours a été décrété, les élus de notre territoire ont pris l’initiative d’un rassemblement républicain. Je remercie le président du conseil régional, Martin Malvy, le président du conseil départemental, Georges Méric, le président de la ville et de la métropole de Toulouse, Jean-Luc Moudenc, et tous les élus présents qui manifestent l’unité de la nation face à ces attentats odieux.
Notre première pensée va aux victimes, à leurs familles, à leurs amis. Nous sommes aujourd’hui recueillis pour leur rendre hommage.
Dans ces circonstances exceptionnelles, l’Etat a pris des mesures pour assurer la sécurité de nos concitoyens.
• L’état d’urgence a été décrété pour douze jours. Il donne notamment aux autorités administratives le droit de décréter un couvre-feu, de formuler des interdictions de séjour,
de faire procéder à des perquisitions administratives, d’ordonner des assignations à
résidence et d’interdire les rassemblements.
• Les frontières font l’objet d’un contrôle renforcé. Aux frontières terrestres, les entrées et les
sorties sont contrôlées par les forces de sécurité. Aux frontières aériennes, les contrôles
appliqués pour les vols en-dehors de l’espace Schengen ont été étendus aux vols au sein de
l’espace Schengen.
• La mobilisation des forces de sécurité – police, gendarmerie, armée – a été renforcée. Les
congés et permissions ont été suspendus jusqu’à nouvel ordre. Le dispositif de protection est
renforcé autour des grands événements, des lieux de cultes, des centres commerciaux, des
gares et des stations de métro.
Au-delà de ces mesures, décidées par l’Etat, nous avons, comme citoyens, une responsabilité
collective. C’est toute la nation qui doit être engagée en ces heures douloureuses.
Ils veulent nous terroriser. Nous devons montrer que nous n’avons pas peur.
Ils veulent nous voir faiblir. Nous devons leur montrer que nous sommes plus déterminés que
jamais.
Ils veulent nous diviser. Nous devons leur montrer que nous sommes une nation rassemblée.
Notre devoir à l’égard des victimes à qui nous rendons aujourd’hui hommage est de rester unis et
fraternels pour vaincre la barbarie.
Ces terroristes veulent une France à terre. La France n’est ni à terre, ni à genoux. Elle se tient droite,
déterminée et rassemblée.
Vive la République
Vive la France
Martin Malvy, président de la Région Midi Pyrénées
« Il y a des jours où un pays traverse des heures lourdes, dramatiques, souffre, bouleversé, déchiré, au plus intime, au plus profond de lui-même.
La France est aujourd’hui confrontée à l’un de ces rendez-vous tragiques où toujours dans son histoire elle a su se rassembler pour se défendre, traquer l’ennemi et faire triompher la liberté et son intégrité.
Nos pensées vont d’abord à la mémoire des victimes de la furie meurtrière, à celles et ceux qui prenaient un verre entre amis à la terrasse d’un café ou qui s’étaient donnés rendez-vous dans une salle de spectacles pour écouter un concert de rock. La vie, tout simplement, la vie. Ils ont été lâchement, froidement, bestialement assassinés. Nos pensées vont à celles et ceux qui dans les hôpitaux luttent contre la mort, à leurs familles auxquelles ils ont été arrachés, mutilés en quelques minutes d’épouvante. Hommage à toutes nos forces de sécurité, d’intervention, à nos services de santé.
Diderot écrivait « du fanatisme à la barbarie, il n’y a qu’un pas ».
Ceux qui commandent ces crimes veulent nous fracturer, opposer les communautés, asseoir l’intolérance au pouvoir, détruire partout Palmyre. Ceux qui ont décidé de commettre des attentats à Beyrouth, sur une plage de Tunis, rue Appert à Paris, au musée juif de Bruxelles, en faisant exploser un avion russe dans le Sinaï, ont déclaré la guerre à la civilisation. Ce mot, ne l’oublions pas – aujourd’hui plus que jamais, ce mot qui se nourrit de culture, d’éducation, d’élévation, de tolérance partout où les hommes vivent libres, est apparu avec le siècle des lumières en opposition à la barbarie.
Dans cette épreuve la France doit être unie car elle doit être forte comme elle a su l’être dans les pires moments de son histoire. Les démocraties, parce qu’elles respectent les droits de l’homme sont fragiles. Mais à période exceptionnelle, mesures de circonstances, sans renoncer à l’essentiel. Parce que l’essentiel a changé de sens.
Nous ne sommes pas les seuls. Le monde ne s’y est pas trompé qui dès samedi s’est éclairé aux couleurs de la France.
Une minute de silence nationale, ce n’est pas seulement le temps qui s’arrête. C’est le moment où toutes les femmes et tous les hommes d’un même pays se recueillent pour exprimer leur détermination à vivre ensemble et à défendre les valeurs qui sont les leur, celles de la République et de la Nation. »
Jean Luc Moudenc, maire de Toulouse :
« Nous sommes en guerre »
Dressé au plus haut niveau, par le Président de la République lui-même, ce constat fait
l’unanimité.
C’est certes une guerre d’un nouveau genre, mais c’est une guerre. Au lieu de prendre la forme
d’une armée qui pénètre notre territoire progressivement depuis nos frontières, cette armée est
constituée de petits groupes assoiffés de sang qui vont et viennent sur notre sol
clandestinement.
Ce n’est pas parce que nous n’avons jamais connu cela dans notre histoire que nous devons
considérer que ce n’est pas une armée.
C’est une armée du XXIème siècle. Au XXème siècle, nous avions hélas découvert les
massacres de masse. La transition entre le XXème et le XXIème a été marquée par la montée
en puissance de la communication.
Cette nouvelle armée est on ne peut plus actuelle : elle cumule goût pour les massacres de
masse et maîtrise virtuose de la communication au service de sa cause.
C’est face à cette armée là que nous sommes.
« Nous sommes en guerre », ce n’est pas une expression banale. Elle est gravissime,
exceptionnelle.
Prenons-nous la mesure et la portée réelle de ces mots, si vrais et si terribles à la fois ?
L’expression « Nous sommes en guerre », nous l’avions déjà entendue après les attentats de
Paris, il y a 10 mois à peine.
Quelles conséquences en avons nous tirées ?
Qu’avons nous fait depuis ?
Ces questions, on pourrait se les poser également à l’évocation, particulièrement douloureuse
ici à Toulouse, des tueries de mars 2012.
Certes, le drame national que nous éprouvons à nouveau depuis vendredi soir donne lieu à une
saine réaction républicaine.
C’est bien. C’est même indispensable.
Réaffirmer les valeurs de la République, redire l’importance du vivre ensemble, exprimer notre
attachement à la laïcité, tenter l’unité nationale de toutes les forces démocratiques, oui tout cela
est positif, nécessaire et même réconfortant.
A mon tour, j’y prends ma part maintenant, certain de traduire vos sentiments unanimes, par
delà la diversité de l’assemblée inédite que j’ai voulu réunir ici dans ces circonstances.
Mais, mes Chers Collègues, faisons attention.
Oui, faisons attention parce qu’il y a 10 mois, nous exprimions pareillement ces valeurs fortes et
ces points d’ancrage fondamentaux.
Il y a 10 mois, entre nous, nous étions tous « Charlie ».
Mais, nous le savions même si cela nous dérangeait, tout le monde n’était pas « Charlie ».
Et voilà que l’histoire se répète, avec une plus grande ampleur encore, répandant le sang, la
douleur et le malheur.
Certes, la République est forte et elle n’abdiquera pas.
Je n’ai pas d’inquiétude là-dessus.
Mais la République doit des résultats au peuple qui l’a choisie.
Pour lutter contre le terrorisme, il faut des actes maintenant.
Pas seulement des proclamations, pour indispensables et sincères qu’elles soient. Il faut des
actes concrets, efficaces, adaptés à la situation exceptionnelle que nous subissons.
La guerre que nous livrons contre la barbarie et le terrorisme, nous la faisons, certes, sur le
théâtre extérieur, en intervenant en Syrie et en Afrique contre l’Etat Islamique, Al Quaeda et
leurs alliés.
Mais, il y a aussi le théâtre intérieur, ici, parmi nous, sur le sol national. C’est un ennemi sans
visage, sournois, dispersé, mais pas moins implacable, pas moins meurtrier, nous le voyons
bien.
Je pose la question : la République s’est elle dotée des armes adéquates pour le traquer, le
combattre et l’anéantir ?
Car on ne fait pas la guerre contre un adversaire si féroce, si particulier et si anonyme, avec les
armes du droit commun. Nous ne voulons pas d’un combat inégal, la République, et ses loyaux
citoyens avec elle, étant placée dans un état d’infériorité, face à ceux qui sont sans foi ni loi !
Conférons à la République davantage d’autorité. Faisons confiance aux Institutions
républicaines-piliers que sont la Justice et la Police. Le renforcement des mesures prises ces
dernières années, et plus encore ces derniers mois, pour lutter contre l’islamisme radical, est
une réalité. Mais, la tragédie du 13 novembre en révèle l’insuffisance. Et ce, malgré
l’engagement des professionnels de la sécurité, qui ont tout mon soutien.
Il faut aller plus loin, frapper plus fort, et avec davantage de moyens, tant l’enjeu est
fondamental pour la France et les Français.
Et, à l’évidence, mettre davantage encore le paquet sur le renseignement.
A adversaire exceptionnel, moyens exceptionnels !
J’émets le vœu, solennel, que les forces démocratiques de notre pays, la Majorité et
l’Opposition, construisent un consensus intelligent et responsable, sans polémique et sans
excès, sur ce sujet de la lutte contre le terrorisme djihadiste.
Et que cela se traduise vite dans la loi, le règlement et les actes.
A la Majorité d’être ouverte et de ne pas céder à la tentation de la récupération.
A l’Opposition d’être constructive et d’écarter la surenchère démagogique.
Si les forces politiques responsables et expérimentées – ce que l’on appelle « les partis de
gouvernement » – ne sont pas capables de mettre au point ce nouvel arsenal pour en finir avec
le djiadisme, alors je crains de sombres lendemains.
Je crains que nos concitoyens se laissent abuser par ceux qui tiennent le discours de la haine,
par ceux qui, extrémistes de toujours, se parent aujourd’hui des habits trompeurs d’une
nouvelle respectabilité de façade purement électoraliste.
Je redoute que s’imposent des vociférations plutôt que de vraies solutions, que triomphe la
logique de la peur plutôt que celle de la raison.
Et oui, nous les voyons bien ceux qui vivent du malheur des gens, qui exploitent les tragédies
de l’actualité, les dangers d’un monde qui bouge à toute vitesse, les interrogations angoissées
sur l’avenir.
Face à cette montée populiste et nationaliste, nous serions condamnés à l’impuissance si nous
nous contentions d’opposer de beaux et bons principes, des discours généraux et généreux.
Oui, notre compassion est bienvenue mais elle est insuffisante.
Il faut agir !
François Mitterrand disait : « Dans les épreuves difficiles, on ne franchit correctement l’obstacle
que de face ».
Agir, à l’intérieur, mais aussi sur le terrain, en Syrie, et par des initiatives diplomatiques, est bien
évidemment indispensable.
L’adresse du chef de l’Etat au Congrès et la séance de notre Parlement national ainsi
exceptionnellement rassemblé, tracera tout à l’heure, j’en suis certain, les perspectives
nouvelles et fortes qui sont nécessaires.
Sur le plan diplomatique aussi, nous devons revoir certains de nos positionnements, sans
chercher à faire entendre à tout prix notre « petite musique ».
Sur cet aspect si capital, je vous ferais part simplement de deux convictions totalement
personnelles :
La première : il est temps que le camp occidental mette fin à la cacophonie diplomatique
qui le caractérise au Proche Orient. L’Europe – et en premier lieu la Grande Bretagne et la
France – et les Etats Unis doivent harmoniser leurs positions,
La seconde : face à l’immensité du danger, construisons une nouvelle alliance des
superpuissances, coordonnant l’Europe, les Etats-Unis, la Russie et la Chine.
Dans deux semaines, les dirigeants du monde entier seront réunis à Paris pour traiter du
réchauffement climatique, question dont l’enjeu est, nous le savons, d’une importance capitale.
Je fais une suggestion : pourquoi ne pas prolonger d’une journée ce sommet pour prendre des
décisions sur le péril immédiat que constitue, à l’échelle internationale, la menace terroriste
islamiste ?
Tout à l’heure, je mettais en garde nos concitoyens contre les discours trompeurs des forces
extrémistes.
Avec la même force, je veux alerter nos concitoyens de confession musulmane contre le
mensonge que profère Daesh lorsque, dans son odieux communiqué de revendication des
crimes de vendredi, il se pose en défenseur des musulmans de France.
Froidement, Daesh, lui aussi, utilise les difficultés sociales, d’insertion et d’emploi de certains de
nos concitoyens en perte de repères et en mal d’espoir pour leur avenir.
Face à des dérives racistes, elle exalte un autre racisme, anti-occidental, d’une virulence
extrême, qui ne fait qu’aggraver les situations et exacerber l’intolérance.
Avec justesse, Hakim El Karoui écrit ce matin : « La France est en guerre contre Daesh. Mais,
elle n’est pas en guerre contre l’Islam ni contre les Musulmans. Bien sûr, des voix généreuses
vont s’élever pour s’inquiéter de l’amalgame. Bien sûr, des musulmans vont se plaindre de
l’islamophobie. Bien sûr quelques mosquées vont êtres salies avec des graffitis hostiles. Mais,
contrairement aux idées reçues, les Français savent très bien faire la part des choses ».
La religion musulmane a toute sa place dans notre société, à la condition, non négociable, de
s’insérer pleinement dans le Pacte républicain et, en tant que telle, de ne pas prétendre au
pouvoir politique.
A nous tous d’aider à cette évolution dont la clé, bien sûr est détenue par nos compatriotes de
religion musulmane eux mêmes.
Eux aussi ont eu leurs morts, victimes du terrorisme fondamentaliste qui dévoie leur religion. On
l’a vu en mars 2012 comme en janvier de cette année et encore cette fois ci, le 13 novembre.
Car, plus encore que les deux fois précédentes, les tueries du 13 novembre ont frappé, non
pas telle ou telle catégorie de personnes, mais bien l’ensemble du peuple français, l’ensemble
de la société française, indistinctement, dans des lieux de grand rassemblement. Où se
mélanger davantage que dans un stade autour d’un match, dans une salle de spectacle
accueillant un événement culturel, ou à la terrasse d’un café très fréquenté ?
En évoquant ces lieux ensanglantés, permettez moi d’exprimer une pensée émue pour les
victimes, celles dont la vie a été brutalement arrêtée, celles qui souffrent de leurs blessures, et
pour les familles endeuillées ou éprouvées.
Je veux aussi rendre hommage aux forces de l’ordre, aux soignants, aux personnes qui
accompagnent ceux qui sont dans la souffrance.
Confucius a dit : « notre plus grande gloire n’est point de tomber, mais de savoir nous relever
chaque fois que nous tombons ».
Nous voici donc tous convoqués pour choisir la volonté, la détermination, l’action, le courage.
Parce que nous entendons rester des hommes et des femmes libres, nous ne nous résignons
pas à la mort et nous refusons la dictature de la peur.
Parce qu’avec Charles de Gaulle nous savons que « la fin de l’espoir est le commencement de
la mort », nous prenons résolument le parti de l’espoir.
Pour avancer dans ce chemin, alors que l’heure est grave, notre devoir s’appelle le
rassemblement.
L’histoire du grand peuple que nous sommes nous enseigne qu’il faut être rassemblés pour
pouvoir faire de grandes choses.
Alors, soyons à la hauteur de l’enjeu. Rassemblons-nous !
Soyons unis autour du Président de la République et du Gouvernement, en communion avec la
Représentation nationale.
Vive la République !
Vive la France.