L’Expert indépendant des Nations Unies sur la dette extérieure et les droits humains, Juan Pablo Bohoslavsky, a exhorté mercredi les institutions européennes, le Fonds monétaire international (FMI) et le gouvernement grec à évaluer pleinement l’impact sur les droits humains d’éventuelles nouvelles mesures d’austérité afin de veiller à ce qu’elles ne constituent pas un coût pour les droits humains.
« Je suis très préoccupé par les voix qui disent que la Grèce est dans une situation de crise humanitaire, avec des pénuries de médicaments et de nourriture », a déclaré M. Bohoslavsky dans un communiqué de presse à Addis-Abeba, en Éthiopie, où il participe actuellement à la troisième Conférence internationale sur le financement du développement.
« Je souhaite que l’accord conclu cette semaine à Bruxelles permette d’éviter une plus grande crise en Grèce », a ajouté l’expert. « Toutefois, les nouvelles politiques d’ajustement doivent respecter les obligations en matière de droits de l’homme qui concernent non seulement le gouvernement de la Grèce, mais aussi les pays créanciers et les institutions prêteuses. Il y a un risque juridique réel que certaines des mesures d’austérité puissent être incompatibles avec le droit européen et international des droits de l’homme ».
Selon l’expert, la priorité doit être de garantir que tout le monde en Grèce ait accès aux minimums de base en matière de droits économiques, sociaux et culturels, notamment le droit aux soins de santé, à l’alimentation et à la sécurité sociale.
M. Bohoslavsky a rappelé que le FMI a estimé que l’allégement de la dette sous la forme d’une réduction aurait été le meilleur choix pour ramener la dette de la Grèce à un niveau viable. « Cela permettrait également de réduire la dépendance malsaine de la Grèce envers les institutions créancières et refléterait le principe de coresponsabilité dans l’accroissement de la dette publique de la Grèce », a-t-il estimé.
Selon la presse, le FMI a menacé mardi de se retirer du plan de sauvetage financier de la Grèce à moins que les leaders européens ne se mettent d’;accord sur un allégement significatif de la dette du pays.
M. Bohoslavsky a jugé qu’;un financement provisoire pour les banques était désormais nécessaire de toute urgence pour veiller à ce que les entreprises puissent continuer leurs activités économiques.
« Cependant, je demande instamment à toutes les parties, y compris la Banque centrale européenne (BCE), d’être particulièrement prudentes au moment de décider des crédits d’urgence aux banques grecques, compte tenu des processus politiques et sociaux profonds et irréversibles qu’un effondrement du système bancaire pourrait engendrer dans le pays et la région », a-t-il ajouté.
Juan Pablo Bohoslavsky a été invité par le gouvernement de la Grèce à entreprendre une visite officielle du 30 novembre au 7 décembre 2015. Il prévoit également de se rendre à Bruxelles pour rencontrer des représentants des institutions européennes, du FMI et des principaux pays créanciers.