Opinion – Les annonces de Manuel Valls sanctionnent l’échec total de sa politique par Christian Picquet, Porte-parole de Gauche unitaire
Co-fondateur du Front de gauche, Conseiller régional de Midi-Pyrénées
Les annonces du Premier ministre, ce 8 avril, sont l’aveu d’échec d’une politique. Plus de cent milliards d’exonérations de toute sorte et de cadeaux fiscaux aux entreprises, sans contrôle ni contreparties, n’auront ni relancé l’activité, ni favorisé l’investissement, ni créé d’emplois. De même que la baisse considérable des dotations publiques aux collectivités territoriales auront finalement pénalisé le dynamisme de l’économie.
Mais il ne suffit pas de redéployer quelques centaines de millions d’euros en 2015, surtout lorsqu’ils sont conjugués à de nouvelles mesures fiscales en faveur des entreprises, qui sortiront la France de l’impasse d’orientations libérales l’enfonçant dans une crise économique et sociale qui va s’aggravant. Et ce ne sont pas des promesses aussi vagues que cosmétiques qui répondront à l’attente des classes populaires et à la démoralisation de l’électorat de gauche, dont les élections départementales viennent de donner la mesure.
Manuel Valls démontre qu’il n’a toujours rien compris au message des urnes, les 22 et 29 mars.
L’urgence est plutôt à un changement franc de politique. En commençant par la remise en cause du « pacte de responsabilité » et de l’austérité imposée à la France comme à tout le continent par la Commission européenne et le pouvoir conservateur allemand. Pour pouvoir enfin dégager les moyens d’un très vaste plan public d’investissement, orienté vers la convergence écologique de notre économie, condition d’une réindustrialisation des territoires et donc d’une relance créatrice d’emplois. Et pour financer cette démarche de courage et les grandes avancées sociales qu’attend notre peuple, telle la Sécurité sociale professionnelle revendiquée par les syndicats, au moyen d’une réforme fiscale mettant enfin à contribution les revenus financiers des entreprises, les dividendes en augmentation constante des actionnaires des grands groupes et les placements spéculatifs.
En s’y dérobant, en poursuivant la logique du « pacte de responsabilité » et des coupes claires dans la dépense publique, Manuel Valls démontre qu’il n’a toujours rien compris au message des urnes, les 22 et 29 mars.
Toutes les énergies disponibles à une véritable politique de progrès doivent converger pour imposer un changement de cap qui ne peut plus être différé. C’est le seul moyen d’éviter que la gauche aille à sa perte dans les prochaines années.