Opinion – Redonner un sens à la République appelle un changement de politique par Christian Picquet, Porte-parole de Gauche unitaire
Co-fondateur du Front de gauche, Conseiller régional de Midi-Pyrénées
À l’occasion de sa conférence de presse, le chef de l’État aura eu raison sur un point : l’impressionnant sursaut du peuple français, les 10 et 11 janvier, exige que l’on redonne un sens à la République et que l’on offre un cap nouveau à la France. Mais les réponses exposées ce 5 janvier n’auront vraiment pas été à la hauteur.
Redonner un sens à la République, ce n’est en effet pas se contenter de mesures ponctuelles, même si certaines d’entre elles peuvent être justifiées. C’est aussi et surtout retisser le lien social et le vivre ensemble en redistribuant les richesses, en jetant les bases d’un nouveau modèle de développement créateur d’emplois et respectueux de l’environnement, en portant des politiques publiques génératrices de justice et d’égalité, en réhabilitant les services publics, en revitalisant la citoyenneté. Redonner un sens à la République nécessite donc, plus que jamais, de sortir de l’austérité budgétaire et des politiques de déréglementation qui ne font que détruire des protections collectives et creuser les inégalités, à l’image du « pacte de responsabilité » ou de la loi Macron. C’est seulement ainsi que l’on pourra refonder le pacte républicain !
Rendre à la France une voix internationale forte, c’est sans doute être aux côtés des forces démocratiques engagées dans le combat contre le jihadisme totalitaire au Proche-Orient ou en Afrique. Mais c’est aussi et surtout porter dans le concert des nations une perspective de paix, de démocratie et de développement. Ce qui commence en Europe, alors que le vote de la Grèce vient d’exprimer l’exaspération des peuples devant une orthodoxie néolibérale absurde et injuste. Rendre à la France une voix forte, c’est en premier lieu soutenir les propositions présentées à Paris par Alexis TSIPRAS, car elles offrent à toute l’Europe un chemin de réorientation et de renégociation du traité budgétaire que le gouvernement de Madame MERKEL persiste à vouloir imposer à des peuples qui n’en veulent plus.
C’est un changement profond de politique qu’appelle « l’esprit » des 10 et 11 janvier. Il reste à imposer par le rassemblement de toutes les forces qui sont, à gauche, disponibles à cet objectif.