La directrice exécutive du Programme alimentaire mondial des Nations Unies (PAM) Ertharin Cousin a achevé mercredi une visite de deux jours en Irak après avoir rencontré des familles qui ont fui les violences à Mossoul et avoir engagé des pourparlers de haut niveau avec le gouvernement régional du Kurdistan et d’autres officiels.
« A nouveau, une autre crise humanitaire frappe l’Irak déchiré par la guerre, exacerbant les vulnérabilités de ceux qui souffrent de la faim », a déclaré Ertharin Cousin. « Beaucoup ont dû fuir dans des conditions très difficiles. Un manque de services et de soutien, ainsi que l’insécurité, les oblige à se déplacer – dans de trop nombreux cas, cela rend ces familles difficiles à atteindre. » Ertharin Cousin s’est arrêté au camp de transit de Kalak – entre Mossoul et Erbil – et a rencontré des personnes déplacées qui ont fui les récents combats à Mossoul. Elles lui ont raconté avoir dû abandonner leurs maisons et partir avec seulement leurs vêtements sur le dos. « Seuls les plus forts et les plus chanceux, qui ont pu marcher pendant des heures dans cette chaleur torride ou qui avaient les moyens de voyager en voiture, sont arrivés ici dans le camp de transit », a dit Mme Cousin. « Les Nations Unies et l’ensemble de la communauté humanitaire renforcent leurs effectifs, débloquent des fonds et utilisent les stocks disponibles pour aider les personnes touchées par les combats et répondre aux besoins urgents et grandissants. »
Le PAM a lancé une opération d’urgence pour nourrir plus d’un demi-million de personnes touchées par le récent conflit en Irak, malgré les problèmes de sécurité et de financement. Avant la nouvelle vague de déplacements qui a commencé avec les violences à Mossoul, le PAM avait déjà aidé 240.000 personnes déplacées par le conflit dans le gouvernorat d’Al-Anbar en Iraq, ainsi que plus de 180.000 réfugiés du conflit syrien qui ont cherché refuge en Irak.
récoltes compromises
De son côté, l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a prévenu que plus d’un million de personnes ont abandonné leurs logements et leurs fermes depuis janvier en Irak, délaissant leurs emplois et leurs biens juste au moment où la récolte principale de blé et d’orge allait démarrer. « En conséquence, les perspectives de récolte favorables pour 2014 sont maintenant compromises », selon l’alerte lancée par le Système mondial d’information et d’alerte rapide (SMIAR) de la FAO.
Avant la crise, d’abondantes précipitations avaient laissé prévoir une récolte de blé de 3 millions de tonnes cette année, supérieure d’environ 16% à la moyenne des cinq dernières années. La récolte d’orge était également censée demeurer stable à 900.000 tonnes, soit 15% de plus que la moyenne des 5 dernières années. Désormais, l’insécurité civile et les problèmes d’accès, les pénuries de main d’oeuvre et les interruptions des transports et de la commercialisation devraient avoir de fortes répercussions sur la récolte et, de ce fait, sur la production et sur l’offre. Les gouvernorats les plus touchés par le conflit en cours, Nineveh et Salahaddin, assurent en moyenne près d’un tiers de la production de blé et environ 38% de la production d’orge de l’Irak.
Les besoins d’importations céréalières pour 2014-2015 sont par conséquent appelés à augmenter. Durant la campagne de commercialisation 2013-2014 qui s’achève, les niveaux d’importations de céréales étaient estimés à 4,26 millions de tonnes, dont 2,7 millions de tonnes de blé et 1,3 million de tonnes de riz. « Compte tenu de la baisse des disponibilités d’aliments de base comme le blé, l’accès à la nourriture de nombreux ménages, familles pauvres et personnes déplacées se détériorera vraisemblablement. De même que le coût des denrées de base a de fortes probabilités d’augmenter, même si des informations complètes sur les prix alimentaires ne sont pas encore disponibles », a noté la FAO. « Si les hostilités se poursuivent, les populations les plus vulnérables n’;auront plus accès aux denrées alimentaires de base et autres produits essentiels, en dépit des subventions du gouvernement », a déclaré le Représentant de la FAO en Irak, Fadel El Zubi.
La FAO sollicite une aide d’urgence de 12,7 millions de dollars pour répondre aux besoins des familles d’agriculteurs et d’éleveurs et atténuer les dégâts infligés aux sources de nourriture, de revenus et d’emplois. L’Organisation doit mobiliser ces fonds d’ici juillet/août pour fournir aux agriculteurs victimes de la crise les semences et engrais nécessaires, à temps pour la campagne principale de semis d’octobre/novembre. La FAO s’attache en outre à venir en aide aux familles vulnérables avec des moyens plus immédiats de se sustenter et de générer des revenus grâce à la production de légumes et de volailles de basse-cour ainsi que des activités d’;argent-contre-travail, en partenariat avec le Programme alimentaire mondial.
Un autre point crucial est la fourniture d’aliments pour animaux et de services vétérinaires dans le but de sauvegarder la santé et la production animales. Le pays compte 8 millions d’ovins, plus de 2,5 millions de bovins, 1,5 million de chèvres et 38 millions de poulets.