L’ONU appelle les groupes armés en Ukraine de déposer les armes. L’ONU fait état de suspicions de faits constitutifs de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité en Ukraine
Le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH) a publié mercredi un nouveau rapport sur l’Ukraine qui décrit l’effondrement de l’ordre public et du respect de la loi dans les zones sous contrôle de groupes armés dans l’est du pays, avec des preuves de plus en plus nombreuses d’enlèvements, de détentions, de cas de torture et de meurtres.
La Haut-Commissaire Navi Pillay a exhorté les groupes armés opérant dans les régions orientales de Donetsk et Luhansk à « cesser de s’engager, eux ainsi que les personnes vivant dans ces régions, dans cette impasse qui conduit tout simplement à la misère, la destruction, le déplacement et le dénuement économique. » « Le seul résultat auquel ils ont abouti est un climat d’insécurité et de peur qui a un effet profondément négatif sur des milliers de personnes », a-t-elle poursuivi. « Le moment est venu de poser les armes et de dialoguer. La paix, la réconciliation et des solutions durables sont certainement réalisables. »
Maidan et la Crimée
Le document de 58 pages couvre la période du 7 mai au 7 juin 2014. Il s’agit du troisième rapport produit par la mission de surveillance des droits de l’homme de l’ONU depuis son déploiement par la Haut-Commissaire en mars. La mission de surveillance est composée de 34 personnes. Tout en consacrant la moitié du rapport aux événements récents survenus dans l’est et en Crimée, la mission de surveillance a aussi mis en exergue les diverses enquêtes et initiatives en cours relatives aux violations des droits de l’homme lors des manifestations de Maidan entre novembre 2013 et février 2014. Le rapport décrit également les six enquêtes et commissions mises en place pour enquêter sur les événements tragiques survenus à Odessa le 2 mai. Le rapport indique que le gouvernement ukrainien continue à mettre en œuvre la déclaration de Genève du 17 avril. Plusieurs initiatives et changements législatifs ont été entrepris, ainsi que les premières démarches en faveur de l’adoption d’un ensemble de réformes constitutionnelles, y compris pour la décentralisation du pouvoir et pour accorder un statut spécial à la langue russe. Au cours de période considérée, la situation des droits de l’homme dans les régions orientales de Donetsk et Luhansk a continué à se dégrader, indique le rapport. Il note que la présence d’individus armés et d’armes a augmenté dans les deux régions et que les représentants de la « République populaire de Donetsk »; ont reconnu la présence, au sein de leurs groupes armés, de citoyens de la Fédération de Russie, y compris de personnes originaires de Tchétchénie et d’autres républiques du Nord-Caucase. Le rapport indique également que la montée de l’activité criminelle aboutissant à des abus des droits de l’homme n’est plus limitée à la seule prise pour cible de journalistes, d’élus, d’hommes politiques locaux, de fonctionnaires et d’activistes de la société civile. Les enlèvements, les détentions, les actes de mauvais traitements et de torture, et les meurtres par des groupes armés touchent désormais la population des deux régions orientales en général, régions où règnent désormais une atmosphère d’intimidation et de peur constante.
enlèvements de journalistes
Les combats sont devenus plus réguliers et plus intenses depuis que le gouvernement a déployé ses forces armées à Donetsk et à Luhansk. Les habitants des zones touchées par ces combats sont de plus en plus pris dans les échanges de tirs entre les militaires ukrainiens et des groupes armés, avec un nombre grandissant d’habitants tués et blessés. Le rapport ajoute que la mission de surveillance des droits de l’homme des Nations Unies est préoccupée par le nombre croissant de rapports de disparitions forcées résultant d’opérations de sécurité. La Haut-Commissaire Navi Pillay a exhorté le gouvernement « à faire preuve de retenue, à garantir que les opérations de sécurité soient en tout temps en conformité avec les normes internationales et à accorder une grande attention à la protection des civils lors des combats avec les groupes armés. » La liberté d’expression continue d’être menacée, en particulier dans les régions de l’Est où les journalistes font l’objet d’intimidation et voient leur sécurité physique menacée, indique le rapport. Le document détaille aussi de nombreux cas de violence, de harcèlement, de détention arbitraire et d’enlèvement de journalistes, y compris des journalistes ukrainiens à Donetsk, Luhansk et en Crimée, ainsi que des professionnels des médias russes en visite pour couvrir les événements dans l’est du pays.
En Crimée, les habitants connus pour leur position « pro-ukrainienne » sont intimidés, poursuit le rapport qui évoque des inquiétudes concernant la discrimination croissante à laquelle beaucoup pourraient être confrontés, en particulier dans les domaines de l’éducation et de l’emploi. Il précise que les dirigeants et les militants du peuple autochtone tatar de Crimée font l’;objet de poursuites et de limites imposées à leurs droits culturels. De son côté, le Conseil de sécurité a présenté mardi ses sincères condoléances aux familles de tous les journalistes tués alors qu’ils couvraient la crise en Ukraine, notamment deux journalistes russes tués le 17 juin et un photojournaliste italien tué le 24 mai avec son interprète russe. « Les membres du Conseil de sécurité encouragent à procéder à une enquête complète sur tous les incidents violents impliquant des journalistes », a dit le Conseil dans une déclaration à la presse publiée mardi soir. Le Conseil de sécurité s’est également inquiété des cas de détention et de harcèlement de journalistes couvrant la crise en Ukraine.