Le ministre du budget, Jérôme Cahuzac a démissionné mardi. Une démission acceptée par François Hollande. Cazeneuve le remplace au très stratégique ministère du budget. Cette démission fait suite à la décision de la justice -le parquet de Paris- d’ouvrir une enquête à la suite des révélations du journal en ligne mediapart. Selon ce média, Cahuzac aurait disposé d’un compte en Suisse. Cahuzac reste présumé innocent. Le départ de Cahuzac du gouvernement a provoqué une avalanche de réactions.
Pierre Moscovici, ministre de l’Economie et des Finances
Salue la décision de Jérôme Cahuzac, ministre délégué en charge du Budget, de se retirer du gouvernement pour défendre son honneur. Dans une période économique très difficile, il tient à saluer le travail remarquable effectué par Jérôme Cahuzac pendant dix mois pour redresser, dans la justice sociale, les finances publiques de notre pays. Côte à côte, ils ont défendu au Parlement six lois financières, réformant en profondeur notre fiscalité et assurant la maîtrise de la dépense publique. Ce travail commun constitue une base solide, sur laquelle le ministère de l’économie et des finances poursuivra son action de réforme.
Christian Picquet, Porte-parole de Gauche unitaire, Front de gauche, Conseiller régional de Midi-Pyrénées
Le départ de Jérôme Cahuzac, à la suite de l’ouverture d’une information judiciaire sur le compte bancaire qu’il est soupçonné d’avoir détenu en Suisse, représente un événement dont la gravité ne peut être minimisée. C’est, naturellement, à la justice qu’il appartient désormais de faire toute la lumière sur cette affaire qui relève de la fraude fiscale et de la corruption, l’ex-ministre du Budget devant bénéficier du principe de présomption d’innocence. Il n’en reste pas moins que se trouvent aujourd’hui soulevées deux questions essentielles pour la vie démocratique de notre pays. Si les conclusions de l’enquête policière devaient maintenant se confirmer, une figure de premier plan du gouvernement aurait menti aux Français dans le but de se maintenir le plus longtemps possible en fonction. Il n’est pas le premier ministre à avoir adopté un tel comportement, de semblables faits étant venus défrayer la chronique sous l’autorité des précédents présidents de la République. Cela pose la question de l’étroite proximité d’une fraction du personnel dirigeant de la V° République avec le monde de l’argent et ses dérives spéculatives. Il faut en finir avec le fonctionnement de plus en plus opaque de nos institutions et ouvrir le débat sur une nouvelle République, profondément démocratisée et rendue enfin transparente. L’autre question interroge la gauche et, au premier chef, les formations qui composent la coalition gouvernante. Le ministre démissionnaire était l’un de ceux qui s’employait à plier le pays aux exigences du dogme néolibéral qui ravage l’Europe, à lui infliger l’une des pires cures d’austérité qu’il ait eu à subir, à élaborer une politique fiscale frappant lourdement les classes populaires. Il est temps que la gauche redevienne le camp du travail et que l’on cesse de pouvoir l’identifier à un système qui génère souffrances sociales et scandales nauséabonds.