Humaniste, résistant, Stéphane Hessel est décédé mercredi. Des milliers d’hommages à Toulouse, en France et partout dans le monde, ont été rendus à l’ardent défenseur du bonheur humain. En voici quelques uns :
François Hollande, président de la République
J’apprends avec une grande tristesse la disparition de Stéphane HESSEL. C’était une grande figure dont la vie exceptionnelle aura été consacrée à la défense de la dignité humaine.
C’est au nom de ses valeurs qu’il s’engagea dans la résistance.
C’est convaincu de la nécessité d’une gouvernance du monde qu’il travailla à la mise en place de l’ONU et qu’il poursuivit une carrière brillante de diplomate au service de la paix.
C’est en européen marqué par la guerre qu’il s’est mobilisé pour l’unification de notre continent.
C’est en humaniste passionné qu’il s’est livré à tous les combats pour les droits de la personne humaine, pour lutter contre les préjugés, les conformismes, les conservatismes.
Sa capacité d’indignation était sans limite, sauf celle de sa propre vie. Au moment où celle-ci s’achève, il nous laisse une leçon, celle de ne se résigner à aucune injustice.
J’adresse à sa famille et à ses proches le témoignage de notre reconnaissance.
Le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault
Ancien résistant et déporté, puis ambassadeur aux Nations Unies, il a inlassablement porté les valeurs de résistance à l’oppression, et de fraternité entre les hommes.
Figure de la conscience universelle, à jamais debout face aux injustices, Stéphane Hessel s’est battu contre le fatalisme et l’indifférence, contre l’égoïsme et la cupidité.
Son message, universel, a éveillé les consciences sur tous les continents, et dans toutes les générations. Nul doute qu’à l’avenir son œuvre et son courage continueront d’inspirer les femmes et les hommes engagés pour la liberté.
Le Premier ministre rend hommage à l’homme engagé jusqu’au bout de sa vie pour les valeurs qu’il défendait, et s’associe à la douleur de sa famille et de ses proches.
La Directrice générale de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO), Irina Bokova
« Stéphane Hessel était l’un des plus grands défenseurs des droits de l’homme, de la tolérance et de la compréhension mutuelle du 20e siècle. La force et la clarté de sa vision de la dignité inhérente à chaque femme et à chaque homme restent une source d’inspiration pour nous tous aujourd’hui », a déclaré Mme Bokova. La conviction qui a guidé la vie et le travail de M. Hessel et qui a inspiré les nombreux rôles de premier plan qu’il a joués au sein des Nations Unies, à commencer par la rédaction de la Déclaration universelle des droits de l’homme. « Avec la disparation de Stéphane Hessel, le monde a perdu l’;une de ses voix les plus fortes et les plus gracieuses en faveur des droits de l’;homme et un de ses plus ardents défenseurs de la paix et des causes des Nations Unies – en ces temps difficiles, son héritage et son message restent plus puissants et plus pertinents que jamais », a affirmé Mme Bokova. M. Hessel a été marqué par son expérience de la Seconde Guerre mondiale, quand il a rejoint la Résistance française et a été capturé et déporté au camp de concentration de Buchenwald. Il a ensuite consacré sa vie à la promotion des droits de l’homme pour tous, en tant que base pour une culture de la paix et pour un plus grand respect et la compréhension mutuelle. En 2008, M. Hessel a reçu le Prix UNESCO/Bilbao pour la promotion d’;une culture des droits de l’homme. Son engagement avec l’UNESCO fut de longue date, y compris pendant la Décennie internationale de la promotion d’;une culture de la non-violence et de la paix au profit des enfants du monde. Stéphane Hessel est resté un écrivain prolifique et militant jusqu’à la toute fin, sans jamais faiblir dans sa volonté de défendre tous ceux qui sont marginalisés et victimes de discrimination. Dans un entretien avec l’UNESCO en décembre 2012, M. Hessel a souligné les défis auxquels le monde est confronté. « […] il ne faut pas sous-estimer la valeur des progrès déjà accomplis, il y a encore beaucoup à faire pour que femmes, hommes, enfants, vivant ensemble et communiquant les uns avec les autres, deviennent de vrais citoyens du monde, vivant ensemble dans un respect mutuel qui est indispensable à leur bien-être ». « A un moment où la paix dans l’;esprit des Hommes, qui est un des objectifs ayant prévalu à la création de l’UNESCO, est très très loin d’être acquis, c’;est évidemment par l’éducation que des progrès considérables ont été déjà obtenus, mais pas encore suffisamment ».
Kader Arif, ministre délégué auprès du ministre de la Défense, chargé des Anciens combattants
C’est avec une profonde émotion que Kader Arif, ministre délégué auprès du ministre de la Défense, chargé des Anciens combattants, a appris la disparition de Stéphane Hessel à l’âge de 95 ans. La France porte aujourd’hui le deuil de cette figure de la résistance française dont les valeurs et la vie exceptionnelle auront été consacrées à la défense de la dignité humaine. Né en Allemagne en 1917, reçu à l’École normale supérieure, Stéphane Hessel est naturalisé français en 1937. Mobilisé en 1939, il rejoint Londres, les Forces françaises libres et le général de Gaulle en 1941. Il fera partie du Bureau central de renseignement et d’action (BRCA). Prenant part à la mission Greco qui doit organiser la couverture radio sur l’ensemble du territoire français pour le Débarquement, il est arrêté en juillet 1944 et est déporté à Buchenwald à Dora en 1945. L’avancée des américains provoque le transfert du camp vers Bergen-Belsen. Dans le train en marche, Stéphane Hessel s’évade et rejoint les lignes américaines à Hanovre.
Après la guerre, c’est convaincu de la nécessité d’une gouvernance du monde qu’il travailla à la mise en place de l’ONU et qu’il poursuivit une carrière brillante de diplomate au service de la paix. Kader Arif rend hommage à cet européen de la première heure et à cet humaniste passionné qui s’est livré à tous les combats pour les droits de la personne humaine et contre les préjugés. Son engagement d’exception continuera d’habiter les mémoires. A la famille et aux proches de Stéphane Hessel, le ministre délégué auprès du ministre de la Défense, chargé des Anciens combattants, adresse ses plus sincères condoléances.
La CGT
La CGT salue la mémoire de Stéphane HESSEL, inlassable combattant des droits de l’Hommes, résistant, déportés, corédacteur de la déclaration des droits de l’Homme et qui jusqu’à la dernière minute a poursuivi son combat.
Son appel à l’engagement à travers son livre « Indignez-vous » a été entendu par bon nombre de ses lecteurs.
Au nom de tous les militants de la CGT, nous adressons à sa famille nos condoléances les plus sincères.
Ligue des droits de l’hommes
Stéphane Hessel reste vivant
Pourrions-nous croire à sa mort, après quatre-vingt-quinze années d’une vie plus riche qu’un roman ? Commencée dans deux patries successives, elle s’est poursuivie au milieu de la poésie, du surréalisme et d’une profonde culture humaniste et européenne. Puis ce fut la Résistance, Buchenwald, d’où il réchappe quasi miraculeusement, et la France libre. Ensuite, après le compagnonnage avec Mendès France à Londres, Stéphane Hessel est à l’ONU, avec René Cassin, pour la préparation de la Déclaration universelle des droits de l’Homme. La suite, c’est son combat inlassable pour la conquête de tous les droits, pour tous et partout.
S’il fut un diplomate reconnu jusqu’à devenir ambassadeur de France, c’était aussi un homme alliant l’esprit de résistance et la volonté de construire « un monde solidaire et organisé », « une structure de l’économie mondiale plus équitable ». Donc à la fois le club Jean-Moulin, il y a cinquante ans, pour penser « une République moderne », mais aussi en 1997, le Collège des médiateurs pour la régularisation des sans-papiers ; le refus de la colonisation des territoires palestiniens, qui lui valu d’être traité d’antisémite, lui, le survivant des camps, par ceux que leur bêtise et leur haine aveuglent ; et encore, après la honte du « ministère de l’Identité nationale », la fondation de Citoyens résistants d’hier et d’aujourd’hui, et le rendez-vous du printemps, chaque année, aux Glières.
Lui-même l’a toujours répété, le fil conducteur de ce parcours fascinant, c’est son « investissement dans les droits de l’Homme » : « l’opposé de ce qui avait failli me faire mourir », mais aussi « le fil conducteur d’une histoire qui a un sens et qui donne de plus en plus de responsabilité et de liberté aux individus ». Son autobiographie, il l’avait appelée Danse avec le siècle, parce qu’« à force de déséquilibres, l’histoire est susceptible de produire des équilibres plus riches ». Et pour construire ces nouveaux équilibres, regrettant trop souvent chez les hommes politiques « le manque de courage, le désir de flatter l’électorat plutôt que d’aller de l’avant », il appelait à « ne pas compter seulement sur les gouvernements pour poursuivre les objectifs auxquels nous tenons », à miser, comme il l’a fait si intensément, sur « la mobilisation de la société civile ». Comme nous.
Laissons-lui la parole une fois encore. Voici la conclusion du chapitre qu’il avait donné à L’état des droits en France, publié en 2012 par la Ligue des droits de l’Homme : « secouer la chape de plomb du pessimisme, du défaitisme et du déclinisme », retrouver « la capacité non seulement de s’indigner, mais encore d’espérer et d’entreprendre. Proposer, rassembler, agir pour construire d’autres rapports de forces que ceux de la domination oligarchique ; ne plus déléguer le choix de notre avenir à un « sauveur suprême » ou à des experts porteurs d’une prétendue rationalité fauteuse de crises ; dépasser les mirages de l’individuation et de la marchandisation en retrouvant le chemin de la solidarité, en « reconsidérant la richesse » pour remettre la valeur à l’endroit ; se rappeler que ce sont les Hommes qui font l’histoire, qu’aucune fatalité n’oblige à ce que l’humanité, dont les capacités augmentent sans cesse, subisse la régression de ses droits et de ses acquis au point de perdre espoir en l’avenir. Car si nous le pouvons, si nous le voulons vraiment, cet avenir est entre nos mains à tous. »
La Ligue des droits de l’Homme est fière d’avoir cheminé avec Stéphane Hessel. Elle est triste de l’entendre encore réciter Apollinaire : « J’ai cueilli ce brin de bruyère, L’automne est morte, souviens-t’en, Nous ne nous verrons plus sur terre », mais elle se rappelle qu’il chérissait aussi Hölderlin : « Là où croît le danger, croît aussi ce qui sauve. »
« Ce qui sauve », il l’a porté, il nous le lègue. Faisons-le vivre.
Aurélie Filippetti, ministre de la Culture et de la Communication
Résistant de la première heure, Stéphane Hessel nous a quittés cette nuit, à l’âge de 95 ans. L’auteur du célèbre manifeste « Indignez-vous ! » a rejoint son ami et modèle Pierre Mendès-France.
Cet ancien diplomate qui participa à la rédaction de la Charte universelle des droits de l’Homme, aura mis ses idéaux de Normalien, sa double culture allemande et française, sa vie entière, au service de l’Europe et de l’Universel humaniste.
« Danse avec le siècle », prônait-il. Il l’aura fait à sa manière militante, dans les grandes instances internationales comme sur le terrain, aux côtés des sans papiers notamment. Ses prises de position en faveur des droits de l’homme, du droit d’asile ou du Proche-Orient ont fait de lui un homme de conseil, un Sage admiré, une voix libre qui manquera à notre monde de demain. Homme de lettres et de culture, il pouvait déclamer par cœur des dizaines de poèmes en français comme en allemand.
Je m’associe à la douleur de son épouse, Christiane Hessel-Chabry et exprime ma solidarité à tous les citoyens du monde qui voyaient en lui un infatigable ambassadeur contre les injustices et les incohérences de ce monde.
Pierre Cohen, maire de Toulouse
Ancien résistant, diplomate et écrivain, Stéphane Hessel est décédé à l’âge de 95 ans dans la nuit du 26 février 2013.
« Cet insatiable de politique et d’histoires humaines va manquer à la pensée politique française tant il a apporté. Il a vécu mille vies : évadé des camps de la mort nazis, pionnier de l’ONU en participant notamment à la rédaction de la Déclaration universelle des droits de l’homme, ambassadeur de France, Européen définitivement, défenseur des sans–papiers et des Palestiniens, écrivain, poète…Et surtout il était ce grand humaniste encore capable à 93 ans de mobiliser les esprits en écrivant le best-seller mondial « Indignez-vous ! ». Nous perdons aujourd’hui un immense penseur qui conservait entier cet enthousiasme politique de ceux qui ont fait le pari de l’humanité et de l’intelligence. »
Pierre Izard, Président du Conseil Général de la Haute-Garonne
« J’apprends avec une profonde émotion et une grande tristesse le décès de Stéphane Hessel, disparu à l’âge de 95 ans. Ce héros de la Résistance, déporté, était devenu par ses écrits et son engagement militant une de nos grandes consciences qui savait livrer sur notre monde et notre société un regard averti, parfois acéré, mais toujours confiant dans son avenir.
Je garde pour ma part l’image de l’homme que j’avais eu l’honneur d’accueillir au Musée départemental de la Résistance et de la Déportation en 2002 et de rencontrer lors de son implication dans les moments douloureux d’AZF. Aujourd’hui, c’est en poursuivant son travail de mémoire que nous saurons rester fidèles à ses principes, au premier rang desquels se trouvait l’éducation à la citoyenneté des nouvelles générations. »
Martin Malvy, président de la Région Midi-Pyrénées
« C’est avec émotion que j’ai appris le décès de Stéphane Hessel. De la Résistance à la défense des Droits de l’Homme, en passant par la lutte contre les inégalités, son humanisme et ses indignations sont un exemple pour tous.»
Bertrand AUBAN, Sénateur de la Haute-Garonne, Président du groupe socialiste du Conseil général
C’est avec émotion et respect que je salue la mémoire de Stéphane Hessel. Notre nation, et au-delà, tous les défenseurs de l’universalisme sont endeuillés. Ce résistant, ce grand citoyen et serviteur de la France, ce combattant énergique des Droits de l’Homme, n’a eu de cesse de combattre l’injustice, de jeter des ponts entre les peuples, de tracer la voie vers l’avenir. Sa bataille sociale pour l’Europe, la Solidarité, et l’Humanisme continuera d’inspirer notre attachement aux valeurs de démocratie et d’émancipation de notre République. Ce grand Monsieur continuera à éclairer notre chemin par la mémoire toujours vivante de ses combats, de ses engagements, de ses refus de la résignation face à l’injustice de toute nature. J’ai une pensée émue pour les proches et la famille de Stéphane Hessel, auxquels je présente mes condoléances les plus sincères.
Christine de Veyrac, députée européenne UDI et candidate du centre pour les municipales à Toulouse
« Avec la mort de Stéphane Hessel, la France perd un homme engagé avec beaucoup de sincérité pour ses convictions humanistes et qui toute sa vie a lutté pour la défense des droits de l’Homme. Je tiens à rendre hommage au résistant qui s’est battu pour la liberté de la France et à l’européen convaincu qui , né à Berlin en 1917 , savait que l’amitié franco-allemande ne pouvait pas être un vain mot mais un moteur pour l’Europe. Si je ne partage pas toutes les causes politiques de cet homme de gauche, je salue celui qui a su dire ‘Indignez-vous !’ et qui nous a ouvert la voie pour ne pas céder au conformisme et savoir toujours aller de l’avant. »
Christian Picquet, Front de gauche, Conseiller régional de Midi-Pyrénées
Stéphane HESSEL, une grande figure qui ne se résigna jamais à l’inacceptable. Après la disparition subite de Stéphane HESSEL, la France qui se reconnaît dans l’héritage de la République et des innombrables combats pour la justice sociale est en deuil. Avec notamment le plus célèbre de ses ouvrages, Indignez-vous, l’ancien résistant et déporté, le diplomate engagé était devenu le symbole d’une indispensable insurrection des consciences face aux ravages de la globalisation marchande et financière, au cynisme des oligarchies qui étouffe un peu partout la démocratie. Par-delà des choix politiques que je ne partageais pas nécessairement, j’avais eu plaisir et honneur à côtoyer Stéphane HESSEL dans de nombreux engagements, à commencer par celui visant à permettre au peuple palestinien de vivre en paix dans un État souverain au côté de l’État d’Israël. Je m’incline devant cette grande figure qui ne se résigna à aucun moment à l’inacceptable et ne renonça jamais à vouloir faire triompher les principes d’égalité, de solidarité et de dignité humaine. Je tiens à exprimer à son épouse et à ses proches l’expression de mes condoléances émues.
Vidéo Youtube/unitednations : Stephane Hessel interrogé par la chaîne de l’ONU pour la journée internationale des droits de l’homme.