Les programmes d’austérité fiscale en vigueur à travers l’Europe et la crise de la dette souveraine qui a éclaté en Grèce en mai dernier et s’est ensuite étendue, d’abord à l’Irlande et au Portugal, puis à l’Espagne et à l’Italie, ont ébranlé l’économie européenne et accroissent désormais la probabilité d’une nouvelle récession mondiale, affirment les Nations Unies dans un rapport publié mardi.
Dans ce rapport intitulé « Situation et perspectives de l’économie mondiale » (World Economic Situation and Prospects 2012 ; WESP), les experts de l’ONU prédisent pour l’Union européenne une croissance économique de 0,7 % seulement en 2012, un rythme sensiblement inférieur à celui de 1,6 % enregistré en 2011.
Selon le rapport de l’ONU, l’austérité fiscale et de la crise de la dette ont ébranlé la confiance à la fois des producteurs et des consommateurs, et ont affaibli le système bancaire qui était déjà dans une situation délicate. Compte tenu de son dynamisme très faible au commencement de l’année 2012, la croissance du PNB ne devrait atteindre que 1,7% d’ici à 2013.
Les économistes de l’ONU prévoient que 2012 sera une année décisive, en ce qu’elle déterminera si le monde continuera sur la voie d’une reprise économique lente ou retombera dans la récession – un risque qui s’est accru sensiblement depuis le début de la crise de la dette. Si un tel scénario négatif venait à se réaliser, l’ONU estime que l’économie de l’Union européenne pourrait se contracter de 1,6 % en 2012 et la plupart de ses pays membres pourraient connaître de nouveau la récession, y compris la France, l’Allemagne et le Royaume Uni.
« Le plus grand risque pour l’économie mondiale en 2012 et 2013 réside dans la possibilité que les responsables, en particulier en Europe et aux Etats Unis, ne parviennent pas à faire face à la crise de l’emploi et à empêcher une aggravation de la dégradation des dettes souveraines et de la fragilité du secteur financier, » affirment les experts dans le rapport.
« Les économies des pays développés sont sur le point de tomber dans une spirale dépressionnaire résultant de quatre faiblesses qui se nourrissent les unes des autres : la dégradation des dettes souveraines, la vulnérabilité des secteurs bancaires, une demande agrégée faible (liée à un chômage élevé et à des mesures d’austérité fiscale) et une paralysie des prises de décision causée par des situations d’impasse politique et des déficiences institutionnelles. Toutes ces faiblesses sont d’ores et déjà présentes, mais l’aggravation d’une seule d’entre elles pourrait créer un cercle vicieux qui conduirait à une grave tourmente financière et à une dépression économique », ajoutent-ils.