Introduire une taxe sur les transactions financières (TTF) en France visant à mobiliser des fonds en faveur d’activités liées au développement : le sujet sera au coeur d’une conférence organisée au siège de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) à Paris le 14 septembre prochain.
Les discussions s’appuieront sur une étude réalisée par UNITAID, un laboratoire de financement innovant dont le rôle est d’étendre l’accès aux traitements pour le VIH et le sida, le paludisme et la tuberculose. Cet organisme est largement financé par une taxe de solidarité sur les billets d’avion. Le succès de cette taxe a suscité un consensus politique en faveur d’une taxe sur les transactions financières dans un nombre croissant de pays, notamment en France.
La TTF bénéficie également du soutien des Nations Unies, qui entendent donner une traduction concrète à cet élan politique dès 2011, notamment lors du sommet du G20 qui aura lieu en France en novembre.
La conférence organisée à l’UNESCO, intitulée « Taxer les transactions financières pour un monde plus juste : ici et maintenant », réunira notamment Irina Bokova, Directrice générale de l’UNESCO, Philippe Douste-Blazy, Secrétaire général adjoint des Nations Unies pour les financements innovants, Président du Conseil d’administration d’UNITAID et de la Fondation du Millénaire et ancien ministre français des Affaires étrangères et de la Santé ; Nathalie Kosciusko-Morizet, ministre française de l’Ecologie et du développement durable et Henri de Raincourt, ministre français de la Coopération.
Cet événement est co-organisé par UNITAID, l’UNESCO, The Life Organization, Stamp out Poverty, Oxfam France, Coalition Plus et Aides.
Photo CC/Agência Brasil/Marcello Casal Jr. : Philippe Douste Blazy, ancien maire de Toulouse et Lourdes, co fondateur de l’UMP et actuel secrétaire adjoint des Nations Unies en charge des financements innovants.
À QUAND LES TAXES SUR LES TAXES ?
TIRANA Octobre 1991, la Banque Mondiale a décidé de financer un projet de remise en route de la banque agricole de développement de l’Albanie dans le cadre du redéploiement du secteur primaire après les périodes du communisme et de la dictature du sinistre Enver HODJA.
L’expert ayant le projet en charge demande le bilan et le compte d’exploitation de cette Banque Agricole de Développement. Il lui faudra trois semaine pour obtenir un torchon manuscrit authentifié par de multiples tampons.
Première question : « Le poste principal du passif est le capital, par qui est-il souscrit ? » « C’est l’État qui l’a entièrement souscrit. »
Deuxième question : « Figure à l’actif un total de prêts consentis pour le même montant que la capital, à qui ont été consentis des crédits ? »
« Á l’État pour la totalité ! »
« Mais c’est impossible ! ». « Mais non ! Vous comprenez l’État n’ayant pas la moindre ressource il fallait bien lui faire un crédit pour souscrire le capital ! ».
« Ah bon ! » Ces braves gens ont inventé le mouvement perpétuel… de l’argent.
ASHGABAT Décembre 1999. L’Union Européenne a dépêché une mission pour définir les conditions dans lesquelles pourrait être financé l’élevage bovin au Turkménistan. Il s’agit d’un pays grand comme la France couvert à 90 % par le désert du Karakoum aussi aride voire plus que le Sahara, on y faisait traditionnellement du mouton.
Question : « Monsieur le Directeur de la Banque centrale du Turkménistan pourriez vous me dire quelle est la structure de la ressource bancaire permettant de faire des crédits ? »
« Mais oui : il s’agit pour 20 % des comptes de dépôts, pour 20% également des dépôts à terme jusqu’à deux ans, et pour les 60 % qui restent de la ressource du marché interbancaire ! »
« Ah bon ! » Le brave homme a donc réussi à avoir le beurre et l’argent du beurre !
PARIS Aout 2011.
Nos politiques se gargarisent et jubilent à l’idée que l’on va enfin dégager de la ressource financière par une taxe sur les opérations financières, notamment celles permettant de prêter aux pays de la zone euro en difficulté, en nous endettant un peu plus. On va pouvoir ainsi et entre autres aider efficacement les malheureux qui crèvent la faim de par le monde !
Ceux-là réinventent le mouvement perpétuel de l’argent en même temps qu’ils réussissent à avoir le beurre et l’argent du beurre !
Ils ne retiendront donc jamais les leçons de la crise financière dans laquelle nous sommes plongés due au fait que nous entendons faire de l’argent avec de l’argent!
Ils ne comprendront donc jamais que le drame de l’aide au développement n’est pas dû à un problème de ressource financière, mais à la façon dont cette ressource est employée!
Voilà donc que notre Président de la République veut prélever une taxe sur chaque échange financier!
Mais Monsieur le Président pour qu’il y ait des échanges financiers il faut qu’il y ait de la création monétaire, la première étape de cette création étant la production de céréales, de lait, de pommes de terre de nourriture quoi! à la sueur de notre front.
Or non seulement vous refusez d’assurer le développement des pays pauvres en ne respectant pas cette première étape indispensable de l’atteinte de l’autosuffisance alimentaire, mais vous vous employez à ce que notre agriculture soit démantelée comme elle l’est dans tous les pays du monde! Qui va donc produire des pommes de terre entre autres, pour générer des échanges financiers?
Voilà que ineffable Philippe Douste-Blazy, le conseiller spécial du secrétaire général de l’ONU, Ban Kimoon, pour la question de l’aide au développement, déclare sans rire : « Sans les financements innovants, si nous conservons le statu quo, nous ne pourrons atteindre les objectifs du millénaire pour le développement en 2015»
Quels seraient ces «financements innovants» ? Ils peuvent inclure des taxes sur les billets d’avion, le tourisme, l’Internet, la téléphonie mobile et les transactions financières, et sans doute un loto proposé il y a peu par d’autres rigolos !
Ces inconséquents qui proposent de nouvelles taxes ont-ils conscience des ponctions énormes que subissent les malheureux immigrés qui de France transfèrent à leurs familles en Afrique le produit pitoyable de leur exploitation par de gens sans scrupules.
Ces transferts de la France vers le Sénégal représentaient il y a peu quelques 300 milliards de francs CFA par an sur lesquelles était prélevé une commission de transfert de l’ordre de 10 %
Nous avons pendant deux décennies tenté de mettre en place des outils de développement, de financement notamment, qui ont fait la preuve de leur inefficacité et accentué pauvreté et famine dans les pays que nous entendions aider.
Nous persistons, et au lieu de nous mettre au travail pour des productions indispensables, nous entendons vivre de la production du superflus et de l’inutile et de taxes sur les opérations financières qui en découlent ! À quand les taxes sur les taxes ?
Irons-nous jusqu’à prélever des taxes sur les frais d’inhumation des malheureux que nous laissons crever dans la Corne de l’Afrique parce que nous avons été incapables de les aider à atteindre leur autosuffisance alimentaire ?