L’actualité outre-Atlantique n’est pas uniquement faite de télé-réalité et d’éléphants. Du côté de la Maison Blanche, on plaide aussi. Retour sur le discours sur le Proche Orient prononcé vendredi par Barack Obama.
Un exposé et un soutien complet
Le Proche Orient et le Printemps Arabe étaient donc à l’ordre du jour vendredi à Washington. Porté par les violences enflammant la région et le dossier Ben Laden, comme le souligne Ouest France, le président des Etats-Unis d’Amérique aura affirmé son soutient et celui de son administration aux peuples luttant pour « un ensemble de valeurs universelles ». Et même si le soutient aux pouvoirs en place à Bahreïn et au Yémen reste épineux, il ne les aura pas omis.
La Syrie et la Libye en ont pris pour leur grade, Bachar el-Assad en particulier. Sous le coup de sanctions américaines depuis le milieu de la semaine, ce dernier s’est vu proposer deux choix : engager la transition ou partir. Sous peine d’être « défié de l’intérieur et isolé de l’extérieur ».
Une aide « Marshall »
Outre les intentions de bonne volonté et de soutient, un plan d’aide économique a été annoncé. Avec pour objectif de porter le processus démocratique, en premier lieu en Tunisie et en Egypte. Ce programme fait donc partie du « changement d’approche » relevé par le quotidien libanais l’Orient le Jour, afin de resserrer les liens entre les Etats-Unis et le monde Arabe, et ainsi éviter une fracture totale et une récupération par des groupes extrémistes. Extrémistes qui, selon le discours d’hier, ne sont plus en phase avec le peuple arabe, qui perçoivent leur idéaux et actions comme des « impasses ».
Comme un défi à Netanyahu
Le titre du Monde est sans équivoque, tant l’approche du président américain, traditionnel soutient inconditionnel de l’Etat Hébreu – sous l’ère Bush en particulier -, était limpide. « Le rêve d’un état juif et démocratique ne peut se réaliser avec une occupation permanente »
Sans renier les liens et le soutient des USA, Obama a clairement rappelé à son homologue israélien la position de l’ONU sur les lignes de 1967, et de rajouter, comme le rappelle Bernard Guetta sur France Inter, que les palestiniens « devaient des à présent connaître ces contours territoriaux qui fondent les négociations a venir ».
Le mois de septembre pourrait en effet voir l’ONU reconnaître unilatéralement un Etat palestinien dans ces lignes de 1967.
Les journaux israéliens, cités dans l’article du Monde se font ce matin l’écho d’un désaccord majeur entre Obama et Netanyahu. « Confrontation » pour Yédiot Aharonot, « quintessence de l’hypocrisie » pour Israël Hayom.
Le journal Maariv revient pour sa part sur ces deux dernières années diplomatiques, semées d’embuches et sans avancée aucune sur processus de paix. Selon lui, le courant entre les deux dirigeants ne passe pas, et ce discours relève de « l’embuscade organisée à l’avance ».
Rappelons que le Premier Ministre israélien débute aujourd’hui un voyage officiel aux Etats-Unis. Ambiance tendue promise dans le bureau ovale.
Réactions mitigées
Si, comme on a pu le voir, Israël réagi très froidement à ce discours et rejette ses propositions, la réaction des premiers concernés, Arabes, et Palestiniens en tête, est aussi nourrie d’interrogations.
Euronews.net choisi de titrer sur la « déception des Palestiniens », qui critiquent le fait « qu’il n’y a rien de nouveau ». On craint donc un discours de bonnes intentions qui ne sera suivi de faits. Même topo pour le Hamas, qui a pris acte par communiqué en appelant l’administration Obama à « des actes concrets pour protéger les droits des Palestiniens et de la nation arabe ».
Son de cloche différent chez les Tunisiens. Le Figaro relaye un communiqué du Ministre des Affaires Étrangères, saluant « le discours et la volonté de soutenir la politique et l’économie de la Tunisie ». Et d’affirmer « l’importance majeure du rôle assumé par les Etats-Unis pour parvenir à un règlement juste et durable du conflit au Moyen-Orient ».
Photo CC/Center for American Progress Action Fund/Flickr