Catherine Ashton, Haute représentante Européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, était ce dimanche en Libye pour inaugurer une représentation de l’Union Européenne. A Benghazi, comme le rapporte Radio-Canada, elle s’est exprimée au nom des 27, plaidant pour « des reformes sécuritaires, de l’économie, de la santé, de l’éducation et de la société civile », ainsi que pour « le départ du colonel Kadhafi ». Malgré le soutient affiché de l’Europe, sur le vieux continent seuls la France, l’Italie et le Royaume-Uni considèrent à l’heure actuelle le CNT comme unique interlocuteur, en plus du Qatar et de la Gambie.
Si la symbolique est importante, et si l’Union soutient donc officiellement la rébellion du Conseil National de Transition, la situation n’en est pas moins difficile après trois mois de conflit. L’Otan ne parvient pas à défaire les forces loyalistes, et les rebelles sont en difficulté.
Piétinement du Conseil de transition
A lire dans le journal La Croix, une analyse sur les raisons de ce piétinement. Un mouvement décris comme « très hétéroclite », « n’ayant pas de vision claire et convaincante ». Le quotidien revient sur la personnalité même du CNT, composé d’anciens diplomates, de militaires, d’opposants de longue date. Ils n’ont qu’un seul point en commun, le désir de « voir partir Kadhafi ».
A cela, s’ajoute des contraintes financières et logistiques, et des ravitaillements en armes et nourriture très difficiles.
L’exportation de pétrole au point mort (même si les rebelles contrôlent l’Est, principale région pétrolifère lybienne, ils ne constituent pas un organe officiel et n’arrivent pas à vendre), et l’argent manque cruellement.
Tonnerre en Libye
Sur le plan militaire, une information du Figaro nous apprends ce matin que la France a décidé de déployer douze hélicoptères de combat sur zone. Ils sont d’ores et déjà embarqués sur le bâtiment de projection et de commandement (BPC) Tonnerre, qui a appareillé pour les cotes lybiennes mardi dernier.
Ils constitueraient une aide précieuse, par leur capacité de précision et de maniabilité plus grande qu’un avion de chasse. Caractéristique d’importance, puisque l’on sait que les forces loyalistes ont pris l’habitude de se protéger des frappes de l’Otan en se positionnant à l’intérieur de zones habitées, prenant ainsi la population comme bouclier humain. Autre point important, ces hélicoptères de l’Alat (aviation légère de l’armée de terre) représentent, littéralement, un rapprochement des combats menés par l’Otan vers le sol.
Cette hypothèse de l’envoi de troupes au sol n’est pas envisagée officiellement, mais elle serait, selon des sources à l’état-major français reprises par le Figaro, indispensable pour atteindre l’objectif du déploiement, à savoir la protection des civils (à travers le désarmement des loyalistes).
Un calendrier contraignant
L’objectif de gagner la « guerre » avant juillet n’a pas été décrété par hasard. C’est lors de ce mois que commencera le ramadan, couplé aux fortes chaleurs, les actions rebelles pourraient être d’autant plus « aléatoires » selon le Figaro.
De son coté, Radio-Canada relève une date : le 8 juin. C’est ce jour que se tiendra la prochaine réunion de l’OPEP (organisation des pays producteurs de pétrole), à Vienne. Les libyens du CNT ont débuté des tractations pour pouvoir y représenter la Lybie, chose qui seraient un pas important vers une reconnaissance plus importante.
Akhille Aercke
Photo CC/David Monniaux : changement majeur dans le conflit, l’OTAN annonce désormais l’envoi d’hélicoptères de combat sur zone