La date était programmée de longue date. Organisé par le chercheur toulousain et secrétaire national du Parti socialiste Bertrand Monthubert, ce forum toulousain consacré à l’enseignement supérieur et à la recherche était destiné à « Construire l’avenir : l’enseignement supérieur et la recherche au cœur du changement ». Avec le tsunami de l’affaire Dominique Strauss Kahn, cette journée va également servir de test à la première secrétaire du Parti socialiste. Maintenir le cap et tenter de dépasser l’écueil en se concentrant sur le programme et les idées.
Au lendemain d’un bureau politique exceptionnel, Martine Aubry poursuit sa route. La maire de Lille et ancienne ministre de Lionel Jospin a publiquement fait part de sa « stupéfaction » et « sidération ». Mais la nouvelle feuille de route adoptée mardi rue de Solférino vise à aller de l’avant pour préparer l’alternance de 2012. « nous nous devons de continuer ce travail pour présenter notre projet que nous adopterons le 28 mai en étant dans la proximité avec les Français. Et puis, nous avons bien sûr un deuxième rendez-vous, nous l’avons fixé et il faut en garder et le principe et le calendrier c’est celui de proposer un candidat ou une candidate qui porteront pour les Français cet espoir et cela conduit à des dépôts de candidature puis à des primaires, vous le savez, au mois d’octobre où nous faisons confiance aux Français pour nous aider à se mobiliser derrière celle ou celui qui porteront leurs espoirs » a ainsi rappelé Martine Aubry Mardi.
A Toulouse, les travaux co présidés par Martine Aubry et Pierre Cohen vont se concentrer sur deux thèmes : « L’université et la recherche, au coeur de la société de la connaissance, du progrès et de l’innovation » et « Bâtir l’Université du XXIe siècle : assurer les moyens de l’autonomie et de la réussite pour tous les étudiants » soit deux tables rondes auxquelles participent de nombreuses personnalités. Daniel Filâtre, président de Toulouse 2-Le Mirail, : Axel Kahn, président de l’Université Paris Descartes. Médecin généticien, Vincent Berger, physicien, président de l’Université Paris 7 Diderot, Bruno Chaudret, président du conseil scientifi que du CNRS, membre de l’Académie des sciences, Francesco Sette, directeur général du Synchrotron européen de Grenoble ont notamment répondu favorablement aux invitation lancées par Bertrand Monthubert.
Photo CC/Peter17 : Malgré le coup de tonnerre de l’affaire Dominique Strauss Kahn, Martine Aubry refuse de dire si elle sera ou non candidate aux primaires socialistes pour l’élection présidentielle de 2012.
L’organisation était excellente et le plateau de vedette superbe. Cédric Villani a été remarquable et la plupart des intervenants ont été passionnants. Du coup le hiatus entre le dit et l’écrit saute aux yeux ! Le texte est mou et imprécis. Visiblement certaines contradictions n’ont pas été encore résolues.
Un exemple quel statut pour les CPGE et les grandes écoles…des pistes intéressantes, mais rien de bien clair, de quoi agacer les partisans d’une solution radicale mais aussi de quoi faire réagir contre ces pistes qui peuvent être perçues comme vaguement menaçantes pour certains…
La question de la baisse de la motivation des jeunes pour les formations scientifiques n’a pas été abordée (inutile de tuer les CPGE scientifiques il suffit de les laisser dépérir). La question des contenus des formations n’est pas non plus traitée dans le document. (Heureusement que Cédric Villani a fait une excellente intervention !). L’exigence clé de voute de tout formation à la recherche ne semble pas vraiment une priorité.
Les bas salaires des jeunes chercheurs ou enseignants-chercheurs ne semblent pas une priorité affichée… à gauche on pense un peu trop fort que la recherche c’est surtout pour le plaisir de la connaissance ! Pourquoi ne pas s’engager clairement sur le statut d’un docteur dans la fonction publique (il est souvent actuellement moins bien rémunéré qu’un simple ingénieur… et pourquoi le gouvernement Jospin ne l’a t-il pas fait !)
Si l’accent est mis sur le besoin de retrouver du long terme et de préférer la coopération à la concurrence, on ne voit guère les décisions qui vont dans ce sens dans cette première mouture.
Si l’autonomie des universités est une bonne chose, il faut être clair sur ce que l’on entend par autonomie, sinon c’est tomber dans le même piège qu’Axel Khan : faire de la publicité indirecte à Valérie Pécresse.
Un bon point cependant, on sent qu’il y a du travail derrière ce document… il est encore temps de le clarifier et de le muscler. Bertrand encore un effort !