Si la situation dans le monde arabe paraît stagner dans le traitement des medias, c’est peut être simplement parce qu’elle l’est. Petit tour d’horizon aux quatre coins du Printemps Arabe, pour faire le point pays par pays.
Le site internet de la chaîne de télévision Euronews nous rappelle que cela fait 7 semaines que les troubles ont éclaté en Syrie. 53 jours pour le Figaro.
Si les répressions sanglantes ont déjà fait plus de 600 morts, le régime s’obstine à accuser des « bandes armées » d’être à l’origine des violences, justifiant ainsi l’utilisation massive de la force, et l’interdiction de manifester. Là est par exemple l’explication officielle de l’attaque survenue ce week end contre des ouvriers qui rentraient en bus du Liban, une dizaine d’entre eux ayant été tués.
L’armée continue d’intervenir sporadiquement, sans réaction aucune de la communauté internationale. Ainsi, le Figaro faisait état d’interventions ayant eu lieu dimanche dans les villes de Banias, Homs, ainsi que trois autres villes du sud du pays. A Banias, l’eau, l’électricité et les moyens de communication ont été coupés. C’est dans cette ville que des centaines de femmes, selon les renseignements du journal Libération, ont manifesté hier pour demander que l’on relâche leurs proches. Elles ont d’ailleurs obtenu des gages, puisque les personnes de plus de 40 ans ont été libérées dans l’après-midi.
Dans ces localités unes a unes coupées du monde, on commence a trouver le temps long, et l’absence cruelle de la communauté internationale se fait ressentir. Hala Kodmani, journaliste syrienne citée dans le Figaro, préfère parler d’alarmisme plutôt que de défaitisme. Les jeunes manifestants interrogés ne veulent pas d’une intervention militaire comme en Lybie, mais s’inquiètent de ne même pas avoir de « soutient moral » des démocraties occidentales.
Au Bahreïn, qui avait vu le printemps arabe s’inviter, le pouvoir peut s’estimer tranquille. Si les monarchies du Golfe sont intervenues dans le minuscule royaume pour aider a contrecarrer les manifestants, l’état d’urgence décrétée pour l’occasion sera levé le 1er juin, soit deux semaines avant la date prévue. Le Monde de rappeler que l’opposition a été matée d’autant plus facilement, la police n’ayant pas eu besoin de mandat pour arrêter les leaders de l’opposition, et les faire passer en jugement devant un tribunal militaire pour activité terroriste et complot contre la monarchie.
L’Egypte connaît elle aussi des troubles, d’ordre religieux cette fois. La journée de samedi a ainsi vu s’affronter chrétiens et musulmans, provoquant 12 morts et 232 blesses. Si les Dernières Nouvelles d’Alsace indique que 200 personnes doivent être jugées pour ces violences très rapidement, le spectre d’une guerre civile interconfessionnelle a fait son apparition. Malgré les promesses du gouvernement de rétablir l’ordre.
Nous arrivons en Lybie. Nous pouvions lire hier sur le site d’Europe 1, qu’après les Etats-Unis, la Norvège a annoncé par la voix de sa ministre de la Défense, Grete Faremo, vouloir réduire son rôle actif si « l’operation de l’Otan devait durer après le 24 juin ». Ses six chasseurs F-16 devraient donc se retirer du ciel lybien à compter de cette date.
Sans avancer de calendrier, le secrétaire général de l’Otan, Mr Rasmussen, a déclaré à la presse que « la partie était finie pour Kadhafi ». Un brin d’optimisme ne fait pas de mal, mais pas sûr que cette déclaration fasse la joie des rebelles.
A Misrata, épicentre du duel entre loyalistes et insurgés, d’intenses bombardements ont a nouveau frappé le fief rebelle ce week end. Des rebelles qui, manquant d’armes, attendent des livraisons venant d’Italie, signale le Nouvel Observateur. Du matériel d’auto-défense, a précisé Rome.
Une guerre de tranchées, ou chacun a son objectif : Misrata et sa région pour les forces kadhafistes, l’aéroport pour les rebelles.
Le port de la ville a aussi été bombardé, rendant encore plus maigres les réserves de carburant et les stocks de nourriture (estimées suffisantes pour environ un mois selon un porte parole de la rébellion).
Sur le plan humanitaire, l’aide arrivée par bateau se fait plus rare du fait des violences, à la cadence d’un par semaine. Pourtant, des sources médicales à Misrata citées par l’Obs. faisaient état de 828 morts au 4 mai, et 200 disparus.
A la frontière ouest de la Lybie, la Tunisie. L’après Ben Ali connaît des remous. De violentes manifestations ont notamment éclate en fin de semaine dernière, le gouvernement transitoire a du admettre qu’il pensait à reporter les élections législatives prévues le 24 juillet prochain. Et en ce qui concerne l’immigration et la fuite vers le Nord, c’est encore un autre débat.
Photo CC/Mona sosh-Flickr : des milliers de manifestants égyptiens réunis le 4 février 2011 sur la place Tahrir au Caire