L’enquête le souligne : le constat est douloureux. Réalisée à Toulouse auprès de dizaines de femmes avec enfant, cette étude montre que la monoparentalité est associée à des conditions de vie difficiles aussi bien d’un point de vue financier que social et psychologique. La difficulté principale pour ces mères de famille est de devoir « faire face » seule à plusieurs contraintes : la pauvreté, les difficultés quotidiennes, la précarité.
Le Cabinet Urbanis a conduit cette étude auprès d’un échantillon représentatif de 60 familles monoparentales (uniquement des femmes) présentes dans 10 résidences de PATRIMOINE SA (pour moitié en ZUS -Zone Urbaine Sensible-). Des entretiens individuels ont ainsi été réalisés de juillet à décembre dernier. En parallèle, Urbanis a également questionné des acteurs institutionnels et associatifs concernés par la problématique. L’objectif de PATRIMOINE SA était d’alimenter sa réflexion sur des pistes d’actions envisagées par le groupe de travail interne et surtout de mieux connaître les attentes des ménages ciblés. Et le constat est accablant.
L’emploi n’est plus une garantie
90% affirment que leurs revenus ne sont pas suffisants. Le fait d’élever seule des enfants entraine des dépenses fixes reposant sur un seul revenu (logement, garde d’enfants, nourriture…). Étonnamment, on s’aperçoit que les mères travaillant ont autant de difficultés financières que celles ne travaillant pas. L’emploi n’est donc pas synonyme de facilité financière.
Faiblesse des revenus : seules 23% ont des revenus supérieurs à 1 500 €/mois. Les allocations familiales, logement et minima sociaux permettent de compléter le salaire ou font office de « salaire ». 63% affirment avoir de réelles difficultés financières.
Pauvreté administrative : les familles monoparentales sont dépendantes des prestations spécifiques qui leur sont attribuées (Allocation de Soutien Familial, Prestation d’Accueil du Jeune Enfant, Allocation de Parent Isolé, etc.). Pour le tiers d’entre elles, ces aides représentent plus de la moitié de leurs revenus.
Isolement financier : Le tiers perçoit une pension alimentaire pour l’éducation de leurs enfants… En parallèle, ces mères seules reçoivent peu ou aucune aide (75%) de leur famille.
Orientation des dépenses : les dépenses se font prioritairement vers les biens de 1ères nécessités à savoir le logement (loyer et charges) et l’alimentation. 40% ont actuellement un ou plusieurs crédits à la consommation à rembourser.
Vulnérabilité sociale : les mères sont fragilisées par la crise conjugale qu’elles viennent de traverser. 93% se sont retrouvées seules après un divorce ou une séparation, 7% suite à un veuvage.
détresse psychologique
67% se plaignent de la difficulté à assumer seules le rôle parental. 90% ont la garde exclusive de leurs enfants ce qui exclut ou rend très difficile toute vie sociale. Ainsi, seulement 23% des mères ont une activité extérieure. Le risque de perte d’autonomie est donc très fort. Elles se sentent isolées, en rupture avec la famille ou l’ancien cercle d’amis. On constate un fort repli sur elles-mêmes et sur les enfants.
37% affirment avoir des problèmes de santé. Mais c’est surtout la détresse psychologique qui a été relevée lors de l’étude. Cependant, les psychologues semblent leur inspirer méfiance et/ou crainte.
Le logement est le souci majeur de ces mères. Ce problème n’est pas propre aux familles monoparentales mais elles expriment un réel besoin dans ce domaine. 52% des familles affirment ainsi que la taille de leur logement est insuffisant.
64% souhaitent changer de logement soit pour un problème de taille, soit pour changer de quartier. Bien entendu la satisfaction dépend de la localisation de la résidence. En ZUS, on relève des problèmes d’insécurité et d’autres formes d’incivilités et de nuisances. L’entretien (bricolage et petites réparations) pose également problème pour 27% des familles. En revanche, elles ne rencontrent pas de difficulté pour les grosses réparations car elles font appel au service de maintenance.
Le niveau d’instruction et de formation est un élément important pour s’insérer sur le marché du travail. Or, 22% d’entres elles n’ont pas de diplôme souvent à cause d’une grossesse jeune. 16% ont un diplôme obtenu à l’étranger non reconnu en France (chirurgien dentiste, ingénieur hydraulique, comptable…).
Lorsque les mères seules travaillent, elles se retrouvent confrontées à une double charge et la conciliation des responsabilités parentales et professionnelles semble très exigeante : emploi du temps surchargé, santé mentale et physique fragilisée.
Les parents seuls sont plus que les autres exposés aux emplois atypiques, à temps partiels, avec des horaires décalés ou mal rémunérés.
De plus, la prise en charge des jeunes enfants pose un énorme problème aux familles monoparentales qui travaillent. Parmi elles, 38% affirment que leurs enfants limitent leur évolution professionnelle car elles mettent la priorité sur leur éducation.
la garde et l’éducation des enfants : le soucis quotidien
Pour les mères qui travaillent et ayant un ou des enfants en bas-âge, le mode de garde privilégié est la famille et l’entourage dès que c’est possible. Les crèches et assistantes maternelles ne sont pas privilégiées par manque de places ou car trop onéreuses. De plus, elles se révèlent peu adaptées aux besoins des parents travaillant en horaires décalés.
Pendant les vacances scolaires, les mères gardent leurs enfants (75%) et/ou s’adressent prioritairement à la famille (43%) et/ou aux centres de loisirs (25%). La possibilité et la facilité de trouver un service de garde demeurent un élément déterminant dans la décision d’accéder à une activité professionnelle. Les mères en rupture familiale ne peuvent donc en général pas travailler.
58% des mères affirment que les enfants souffrent encore de la séparation avec leur père. Certains enfants mettent en place des mécanismes défensifs pour supporter cette absence soit en se fixant à leur mère, soit au contraire en devenant agressif. 48% des enfants rencontrent des difficultés scolaires. 51% des jeunes sont aidés par leur mère pour faire le travail scolaire. La monoparentalité n’est cependant pas forcément la seule cause des difficultés scolaires.
Toutes les mères s’accordent sur la nécessité de maintenir le double lien -affectif et autoritaire- et évoquent la difficulté que provoque la recomposition du rôle parental due à la séparation. 70% disent manquer d’autorité et 61% avoir des problèmes avec leurs enfants.
Un constat conforté par les partenaires sociaux
L’étude auprès des acteurs et partenaires sociaux a également mis en exergue que :
· La précarité touche de façon plus importante les femmes seules issues de milieux modestes dans lesquels le modèle de fonctionnement familial est resté traditionnel et le travail des femmes perçu comme secondaire.
· L’accent doit porter sur les actions contre l’isolement et en faveur de l’insertion sociale. Cependant, ils notent qu’il faut différencier l’isolement voulu (peur du regard des autres, manque de confiance en soi…) et l’isolement subi (manque de temps).
· L’absence de mobilité (voiture) renforce l’isolement et donc rend plus difficile un retour à la vie professionnelle qui permettrait de conjuguer travail et garde des enfants.
Photo DP/Farm Security Administration or Office of War Information : Portrait de Florence Owens Thompson avec plusieurs de ses enfants connu sous le titre Migrant Mother (Mère migrante), et prise par Dorothea Lange en Californie (États-Unis), en 1936. La légende originale était « Ramasseurs de pois ruinés en Californie. Mère de sept enfants, agée de 32 ans. » Selon des études ultérieures cette femme n’était pas ramasseuse de pois, mais une fermière fuyant le Dust Bowl. Elle fait partie d’une série de photographies commandées par la Farm Security Administration pour convaincre le peuple Américain de la nécessité de réformes du New Deal suite à la Grande Dépression de 1929 aux États-Unis
Tous pour les mères, rien pour les pères comme d’hab.
Nous les hommes , ces éternels salauds !
De bien tristes réalités !