Alors que l’attention occidentale semble focalisée sur la situation en Libye et en Syrie, le Yémen connaît encore des évènements semblables. Les journaux, dont le quotidien libanais en langue française l’Orient le Jour, reviennent longuement sur les manifestations et la crise politique touchant le pays bordant le Golfe d’Aden.
Crise très bien résumée par le Nouvel Observateur : une rébellion chiite dans le nord, un mouvement sécessionniste dans le sud, et une présence de plus en plus forte d’Al Qaida.
Les manifestations contre le Président Ali Abdallah Saleh se déroulent quotidiennement (plus de 125 morts depuis le début de la crise en février), et l’impasse politique est bien réelle. Les ministres des Affaires Étrangères des Monarchies du Golfe (CCG) étaient réunis hier à Riyad, la capitale saoudienne. Etaient aussi présents les représentants de l’opposition, dont l’ancien ministre des affaires étrangères Mohammad Salem Bassandawa, et Yassine Said Noomane, chef du Forum Commun, un groupe d’opposition parlementaire. Pas de représentants du pouvoir sur place.
Le journal décrit une situation diplomatique bloquée, l’opposition parlementaire demandant un départ du président actuel au pouvoir depuis 32 ans, et la « majorité » proposant un transfert de ses prérogatives au vice-président, dans un cadre constitutionnel.
Le Président Saleh a déjà perdu la confiance d’une partie de l’armée, de dignitaires religieux, et de certaines tribus, forces politiques et sociales très puissantes dans le pays.
Zone du globe très sensible, de surcroit foyer potentiel pour Al Qaida, les diplomaties Etatsuniennes et Européennes ont pris contact avec les différentes parties, dont le CCG et le Forum Commun. Ce dernier aurait reçu des occidentaux des assurances d’un départ rapide de Saleh, affirme un diplomate sous anonymat.
Nouvelobs.com relate les heurts sanglants qui ont éclaté dimanche dans la capitale yéménite Sanaa, se poursuivant ce lundi et se propageant au reste du pays. Selon des sources médicales sur place, trente personnes auraient été blessées par balle dans la journée de dimanche.
Les villes de Taëz, Damar, ou encore Aden, sur la Mer Rouge ont également vu des centaines de milliers de manifestant et forces de l’ordre s’affronter dans la fumée des gaz lacrymogènes.
Si la sortie de crise semble définitivement entre les mains du CCG, celui-ci fait savoir par communiqué que « le dialogue et les consultations se poursuivront à l’avenir, dans le cadre des principes contenus dans le plan de sortie de crise ». Inch’allah, comme on dit.
Photo CC/Sallam from Yemen : Manifestation dans les rues de Sanaa le 3 février 2011