L’image que véhiculent les médias sur la Belgique et la réalité semblent quand même très éloignées. Même s’ils se sentent concernés, les belges ne pâtissent pas de l’absence de gouvernement depuis 300 jours. La crise politique n’a pas eu, pour l’heure d’impact sur la vie quotidienne. On est bien loin d’un pays dans le chaos. Témoignages.
« C’est du grand surréalisme à la belge. Nous vivons une pure période de crises (financière, économique, sociale, environnementale) et on nous impose une crise politique par-dessus le marché. » Pascal, 33 ans, ingénieur de formation.
« Il s’agit d’une lutte d’influence de personnages qui se croient au-dessus. Depuis longtemps j’estime que les politiques doivent être au service des citoyens et pas le contraire. Dans ce cas -ci, le rôle du citoyen est de se faire sa propre opinion, de manifester, de descendre dans la rue ou encore mieux en s’impliquant dans la vie politique. Un référendum ? Pourquoi pas, à condition que les participants soient bien informés. Souhaitons plutôt le développement de l’Europe, avec des régions fortes et solidaires. » Dorian, 27 ans, employé dans le secteur associatif.
« Le Roi c’est l’alibi pour appeler notre pays le « royaume de Belgique. » Axelle, 20 ans, étudiante.
« Quand je parle avec ma correspondante de longue date néerlandophone, je n’ai pas l’impression que nos opinions divergent tant. » Céline, 21 ans, étudiante
« Je pense que le régionalisme n’est pas une réponse satisfaisante. Certaines compétences doivent rester au niveau fédéral (sécurité, aides sociales…) » Anaïs, 27 ans, fonctionnaire.
« Ici, soit tu es wallon soit tu es flamand. Tu n’es belge qu’à l’étranger. » Julie, 21 ans, étudiante
« Mon fils francophone travaille en Flandre avec une majorité de Flamands et il n’y a pas de problème d’entente ou de cohabitation. Les conflits sont engendrés par les politiciens et surtout par le parti flamand nva (alliance néo-flamande) dirigé par Bart de Wever. La France et l’Europe doivent trouver cette situation comique ou un peu folle. »Carmen, 50 ans, employée.
« Depuis des années, on leur laisse entendre que la Wallonie n’apporte que des problèmes. Les francophones n’apprennent pas le néerlandais. La Wallonie est perçue comme un endroit où le chômage est la règle et où les jeunes refusent de travailler. C’est un énorme fossé culturel entre nous. Nous n’avons pas les mêmes valeurs. La langue est quand même un obstacle de taille, surtout lorsque l’on voit que les politiciens wallons ne parlent presque pas le NL. » Katia, 27 ans,fonctionnaire.
« En tant que future assistante sociale, je me sens particulièrement concernée par le sujet. Je pense que la sécurité sociale garantit la solidarité en Belgique : elle doit rester nationale dans l’intérêt de tous ! Une Wallonie indépendante n’est même pas envisageable selon moi. Économiquement, elle ne tiendrait pas la route… » Anne charlotte, 22 ans, étudiante.
Le point de vue d’un flamand.
Paul est enseignant en langues, Néerlandais et Anglais. Il travaille depuis 11 ans à Bruxelles et connaît donc très bien la situation linguistique des Flamands. Il a accepté de répondre à mes question, en Français.
Toulouse7 – Que pensez-vous de la situation actuelle ?
Paul – C’est une situation ridicule, mais compréhensible si on regarde les résultats des votes : en Flandre la droite a gagné et en Wallonie c’est la gauche qui remporte les élections. Mais je trouve que les gens en Flandre ont été aveuglé par le discours sur les problèmes linguistiques. Les problèmes linguistiques n’ont rien à voir avec la façon dont on pense la société( avec des idées de droite ou de gauche).
Toulouse7 – Pensez-vous que les revendications des partis néerlandophones sont légitimes ?
Paul – Un peu d’histoire est nécessaire pour comprendre les revendications. Au début du siècle et même encore plus tôt (vers 1830) tous les pouvoirs étaient entre les les mains des francophones : ministères,noblesse, l’ Église, l’armée… le Français était la langue employée par toutes les personnes qui se sentaient au -dessus de la classe populaire. Les Néerlandophones, quand ils voulaient accéder à des postes élevés, reniaient leur langue maternelle. Mon arrière-grand-père durant la Première Guerre mondiale était un des rare officiers parlant le Néerlandais à ses soldats . Ma mère qui est née en 1924, a toujours vécu à Alost (ville flamande) et a souvent été punie a l’école parce qu’elle parlait le Néerlandais pendant la récréation. Dans les années 60, les néerlandophones n’avaient qu’une université Néerlandophone. A Louvain (une ville Flamande)l es étudiants et professeurs se sont battus avoir une université Néerlandophone. C’est alors que l’université francophone (Louvain la neuve) a été crée. Depuis la situation pour les Flamands s’est un peu améliorée
Toulouse7 – Le statut de Bruxelles doit-il être revu ?
Paul – Non, je suis d’accord avec un statut bilingue, mais tout le monde doit respecter les lois. La situation à Bruxelles était encore plus difficile. Bruxelles est une ville historiquement flamande. Mais puisqu’elle est la capitale de la Belgique, presque tout le monde accepte son statut bilingue. Mais un statut n’est pas encore la réalité. Légalement tout le monde est tenue de parler les deux langues. Je travaille à Bruxelles, et quand j’achète un petit pain pour mon lunch, souvent, les caissières refusent de dire le montant à payer en Néerlandais. C’est même trop demandé de dire bonjour, ou merci – goeiedag of dankuwel – en Néerlandais. Vous comprenez que beaucoup de Flamands se sentent insultés chaque jour à Bruxelles qui est aussi leur capitale.
Toulouse7 – Quelles seraient pour vous les solutions pour désamorcer les débats ?
Paul – D’abord, il faut commencer à accepter le fait que la Belgique a une région francophone, une région Néerlandophone ET une région bilingue (Bruxelles).On devrait respecter les droits du Néerlandophones, au lieu d’essayer de créer une ville francophone.
Toulouse7 – Quelles sont les vraies causes des conflits entre Francophones et Néerlandophones, sont-ils vraiment d’ordre linguistique ?
Paul- La cause principale est linguistique. Si certains politiciens francophones montraient plus de respect pour notre constitution, les problèmes économiques seraient résolu plus facilement.
Toulouse7- Pensez-vous que la scission de la Belgique est envisageable ou souhaitable ?
Paul – Dans le cadre du développement de l’ Europe, je ne vois pas l’intérêt de scinder un pays.
Toulouse7 – À votre avis, que doit penser la France et l’Europe de la Belgique aujourd’hui?
Paul – La France n’est pas un exemple. Dans les régions de Flandre Française, elle n’a pas respect é nos droits et notamment en matière d’emploi. Il ne faut pas oublié que la France n’a pas respecté la culture des gens qui habitaient dans ces régions.
Toulouse7 – Et le roi dans tout ça ?
Paul – Un état présidentiel ne coûte pas moins qu’un royaume. Si le roi n’a qu’un rôle symbolique, cela peur servir à l’unité de la Belgique. Mais, personnellement je ne le trouve pas indispensable.
Photo CC/Wouter Hagens : Composition florale sur la Grand Place de Bruxelles Août 2008
voici notre chanson contre la separation de la belgique
« Bye Bye belgium »
http://www.youtube.com/watch?v=8_ljUJTSg8Y