Le pays est déchiré depuis longtemps par des conflits d’origine linguistique entre les deux principales régions : la Flandre au nord et la Wallonie au sud. Les flamands parlent le néerlandais tandis que les wallons parlent le français. Mais depuis juin 2007, les tensions se sont radicalisées. Les partis politiques des deux communautés linguistiques ne s’entendent plus et peinent à trouver un consensus. Les dernières élection législatives ont eu lieu le 13 juin 2010 et depuis 300 jours, le pays reste sans gouvernement.
Dans un pays qui compte 10 500 000 habitants, les flamands représentent 59% de la population et les wallons, 40 %. Les germanophones ne représentent qu’ 1% de la population. Bruxelles possède un statut particulier ; Elle est enclavée dans la région flamande et est considérée comme une région à part entière. Elle a pour langues officielles le néerlandais et le français, bien que la majorité de la population s’exprime en français. Depuis une cinquantaine d’années on assiste à une renaissance économique de la Flandre qui désire de plus en plus d’autonomie. Le système de redistribution des richesses entres les différentes régions ne convient donc plus aux flamands qui veulent réduire le rôle de l’État central. Pour autant, il n’y a pas de violences entre les personnes des régions différentes, mais un sentiment de mépris croissant et le rejet de la langue de l’autre. Chaque administration utilise la langue officielle de sa communauté et refuse l’utilisation de l’autre langue dans tous ses documents officiels.
Fracture linguistique.
Le pays est le fruit d’un rassemblement entre des régions néerlandaises, françaises et allemandes. La Belgique devient indépendante des Pays-Bas en 1830. Très vite, la France cherche en s’en emparer mais les belges se révoltent. Les monarchies européennes de l’époque ont peur de voir s’installer en Belgique une république et décident de faire de la Belgique une monarchie constitutionnelle. Ils proposent de mettre sur le trône du Futur Royaume le Duc de Nemours, fils du roi de France. Celui-ci refuse. C’est le Prince allemand Léopold de Saxe-Cobourg-Gotha qui devient donc le premier Roi des belges. Bien que la majorité de la population soit d’origine néerlandaise, il est décidé dès le départ que la langue officielle sera le français. Le conflit linguistique qui déchire la Belgique est donc inhérent à sa création. En favorisant les inégalités dans la population, les politiques créent ainsi des différents fait pour durer. Voyant le nationalisme flamand croître, on consent enfin à la langue flamande un statut de langue officielle en 1871.
Les années d’après guerre radicalisent les conflits
En 1950, les flamands qui soutiennent le retour du Roi Léopold III sur le trône s’opposent au wallons qui refusent le retour du Roi à qui ils reprochent sa capitulation face à l’armée allemande le 28 mai 1940. Malgré une majorité de Belges favorables à son retour, les wallons menacent de scinder la Belgique en cas de retour du roi Léopold III. Le roi abdique donc en faveur de son fils, Baudouin.En 1967, une nouvelle crise éclate quand on chasse les étudiants francophones de l’Université Catholique de Louvain, située en région flamande. Ceux-ci sont obligés de s’installer sur un nouveau campus situé sur le territoire wallonne à Louvain-la-neuve.Afin de surmonter cette crise qui menace l’unité de la Belgique, le pays décide de se réformer. Les territoires sont redistribués entre flamands et wallons et le pays devient une fédération. Au sud, la région wallonne est créée, sa langue officielle sera le français. Au nord, dans la région Flamande, la langue officielle sera le flamand. Bruxelles, la capitale à majorité francophone, a un statut de région a part entière ; les langues officielles y sont le flamand et le français.
Depuis 2007
La dernière grosse crise politique éclate quand le flamand Yves Leterme remporte le 10 juin 2007 la pluralité des sièges au Parlement mais sans pour autant obtenir une majorité.Les décisions politiques de la région flamande et de la région wallonne sont très autonomes et échappent à la gouvernance de l’État. Le système électoral repose sur un mode de scrutin proportionnel et il n’existe pas de partis politiques nationaux. Cela veut dire qu’un wallon devra voter pour un parti wallon et qu’un flamand votera pour un parti flamand. Il existe cependant des partis mixtes à Bruxelles par exemple mais ils ne sont pas représentés au Parlement. Il est donc impossible pour un parti de récolter une majorité absolue et pour former un gouvernement, le parti politique qui a obtenu le plus de voix doit créer une coalition. Lorsque les divergences d’opinions sont trop fortes, le gouvernement tombe. C’est ce qui s’est passé en 2007 avec le premier gouvernement du flamand’Yves Leterme. Le roi Albert II le charge le alors de créer un nouveau gouvernement mais celui ci démissionne un mois plus tard. Il sera élu à plusieurs reprises mais n’ira jamais jusqu’au bout de son mandat. Lors de sa prestation de serment il est le seul ministre a n’exprimer ses vœux qu’en flamand. Avec le temps, ses propos se radicalisent. Lors d’une interview accordé à libération, il dira même : « apparemment, les francophones ne sont pas en état intellectuel d’apprendre le néerlandais ».
Aujourd’hui
Les dernières élection en juin 2010 ont vu la victoire de la N.V.A, un parti nationaliste flamand, au nord du pays et du P.S. au sud. Ces deux partis ont été incapables de s’entendre afin de créer un gouvernement. La situation n’a toujours pas évoluée et le pays détient le triste record de la plus longue crise politique. Cela fait presque qu’un an que les belges tentent de trouver un consensus entre tous les partis. Les flamands, mettant en avant les transferts de richesses du nord vers le sud, continuent à demander une autonomie pour les régions, ce que refusent les wallons. Une autre pomme de discorde est le statut des communes de la périphérie bruxelloises à majorité francophone située sur le territoire de la région flamande. Le roi tente pourtant de calmer les tensions et nomme régulièrement des médiateurs en vue de réaliser une réforme de l’État, mais ceux ci échouent et abandonnent la mission. Le dernier, septième médiateur en date, est un chrétien-démocrate flamand, Wouter Beke. La question de la Belgique intéresse de plus en plus la scène politique internationale et plus particulièrement en Europe. Alors qu’un peu partout des États de l’Union européenne sont tiraillés par des tensions régionalistes, rien n’est prévu en cas d’éclatement d’un de ses membres. La Belgique paraît être le pays le plus menacé, avec presque trois ans de crises politiques et une année sans gouvernement. Mais les institutions européennes ont toujours pris le parti de la neutralité.
Photo : CC/ Ssolbergj : Armes de la Belgique (détail) « l’Union fait la force », devise inscrite sur le blason de la Belgique