Le journal libanais L’Orient le Jour faisait part mercredi d’une histoire romanesque et particulièrement rocambolesque. Celle du « père des roquettes palestiniennes ». Dirar Abou Seessi. Cet ingénieur palestinien, vivant et travaillant en Ukraine, se retrouve aujourd’hui sur le banc des accusés en Israël. Il lui est reproché d’avoir travaillé pour le mouvement palestinien Hamas entre 2002 et 2008, en « améliorant » les roquettes artisanales Kassam utilisées par le groupe. Ses travaux auraient notamment permis d’augmenter leur capacité en terme de distance, passant de 6 à 22 kilomètres, ainsi que leur potentiel de pénétration antiblindage, aujourd’hui de 26 centimètres contre 6 auparavant.
L’acte d’accusation lui demande aussi de répondre « d’activité au sein d’une organisation terroriste, de tentatives de meurtres sur des civils et militaires israéliens, et de la création d’une académie militaire à Gaza en 2009 ».
Comparaissant devant le tribunal de Beersheva (Sud d’Israël) Abou Seessi avait disparu à bord d’un train en Ukraine dans la nuit du 18 au 19 février, sans que les circonstances de sa disparition n’aient pu être élucidées. Il était alors réapparu environ deux semaines plus tard, dans une prison israélienne. Officiellement, Dirar Abou Seessi est présenté comme ingénieur en électricité de l’Académie du génie militaire de Kharkov (Ukraine). Il aurait dans ce cadre été formé à la mise au point et au contrôle des missiles Scuds (d’origine soviétique).
Dans les mains du Shin Beth, le service de sécurité israélien, l’homme aurait fourni quantité d’information sur la branche armée du Hamas, les Brigades Ezzedine al-Qassam, son fonctionnement et sa structure. La source, un porte-parole du Shin Beth cité dans l’Orient le Jour, ajoute que beaucoup d’éléments restent sous le sceau du secret. Si la stratégie de défense adoptée par Mr. Seessi consiste a tout nier en bloc, son avocate, Me Semadar Ben Nathan, a affirmé à l’AFP que les renseignements obtenus par les services de sécurité l’ont été par la torture.
Qui a vu « Les Barbouzes » de Georges Lautner se demandera en tout cas avec raison si les services secrets israéliens n’ont pas simplement voulu copier le scénario de ce film de 1964, tant tout y est ressemblant. Plus sérieusement, les services secrets israeliens sont considérés, à juste titre, comme parmi les plus efficace au monde.