Alors que les forces loyales au Président ivoirien Alassane Ouattara continuent leur avancée dans la capitale commerciale de Côte d’Ivoire, Abidjan, le Haut commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme les a exhortées vendredi à ne pas s’engager dans des actes de vengeance à l’égard des partisans de l’ancien Président Laurent Gbagbo.
des pillages et de graves violations des droits de l’homme
« Faisant écho à l’appel du Secrétaire général de lONU d’hier, nous exhortons les forces pro-Ouattara à faire preuve de retenue et à ne pas commettre de violations des droits de l’homme et à ne pas s’engager dans des actes de vengeances. Ils doivent garder à l’esprit que le Conseil des droits de l’homme a déjà établi une Commission d’enquête pour la Côte d’Ivoire qui va examiner les abus perpétrés de tous les camps et que la Cour pénale internationale est également impliquée en Côte d’Ivoire », a indiqué Rupert Colville, le porte parole de la Haut commissaire aux droits de l’homme, Navi Pillay.
« Nous recevons des informations non confirmées mais préoccupantes sur des allégations de violations des droits de l’homme commises par les Forces Républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI), les forces pro-Ouattara, lors de leur avancée dans Abidjan ainsi qu’à l’ouest du pays dans les zones de Guiglo et Daloa », a-t-il expliqué.
Les FRCI auraient perpétré « des pillages et de graves violations des droits de l’homme tels que des enlèvements, des arrestations arbitraires et des mauvais traitements sur des civils », a-t-il précisé.
Le Commando invisible, qui combat contre les forces loyales à Laurent Gbagbo, aurait aussi perpétré des violations des droits de l’homme à Abidjan, a précisé Ruper Colville.
« Les forces pro-Gbagbo ont continué à commettre des violations quotidiennement comme par exemple le meurtre de deux civils qui auraient été brulés vivants par des miliciens pro-Gbagbo à Gagnoa. Il y aurait eu d’autres assassinats de civils impliquant notamment des éléments des Forces de défense et de sécurité (FDS, loyales à Gbagbo) qui ont tiré sur le quartier d’Abobo à Abidjan. Ces tirs ont causé la mort d’au moins trois civils dont un enfant de trois ans », a souligné le porte-parole du Haut commissariat aux droits de l’homme. Le quartier d’Abobo est un fief des partisans d’Alassane Ouattara.
Le siège de l’Opération des Nations Unies en Côte d’Ivoire (ONUCI), a aussi été l’objet de tirs nourris jeudi après-midi, de la part des forces spéciales du Président Gbagbo retranchées au Ministère de la défense, non loin du Palais Présidentiel. Les troupes de l’ONUCI ont riposté aux tirs dans un échange de feu de près de trois heures.
Le même jour, une patrouille de l’ONUCI, déployée pour renforcer la présence de la Mission à l’aile militaire de laéroport d’Abidjan, a également essuyé des tirs venant de groupes de jeunes armés. Enfin, aux environs de 19 heures une patrouille de la mission a été visée par des tirs près des locaux de la Radio Télévision ivoirienne (RTI), a indiqué vendredi l’ONUCI dans un communiqué.
Le Représentant spécial de l’ONU pour la Côte d’Ivoire, Y J Choi, accompagné du Chef Adjoint de la Division des Droits de l’Homme, Guillaume Ngefa, se sont rendu jeudi à Abobo où 150 prêtres ont été exfiltrés alors qu’ils étaient isolés dans un séminaire au nord d’Abidjan.
« De même, les six bus à bord desquels les hommes d’Eglise avaient voyagé et qui avaient été séquestrés ont également été rendus. Tous les prêtres ont pu rentrer sains et saufs à Abidjan », a souligné la Mission onusienne.
L’ONUCI a exprimé ses condoléances après la mort de Zahra Abidi, une employée civile déployée au sein de la mission en tant qu’analyste de l’information au Centre conjoint des opérations. Zahra Abidi, de nationalité suédoise, est décédée le jeudi 31 mars 2011, des suites de blessures dues à une balle perdue lors des affrontements. Arrivée en Côte d’Ivoire le 6 avril 2009, cette jeune femme âgée de 33 ans a servi pendant deux ans à la Division de l’;Assistance électorale de l’ONUCI en tant que conseiller électoral.
Jeudi, le Secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, a exhorté les parties au conflit en Côte d’Ivoire à épargner les populations civiles et a de nouveau appelé l’ancien Président Laurent Gbagbo à céder le pouvoir au Président Alassane Ouattara, vainqueur du scrutin présidentiel de novembre 2010.
Le Chef de l’ONU « suit de près l’évolution rapide de la situation en Côte d’Ivoire et est préoccupé par la recrudescence de violence », a dit jeudi son porte-parole dans un communiqué. Il a exhorté les parties « à faire preuve de la plus grande retenue, à s’abstenir de toute acte de vengeance et à placer les intérêts de la nation au-dessus de toute autre considération. »