Emmené par un Lionel Nallet des grands soirs, le XV de France a dominé le Pays de Galles 28-9 samedi et peut sortir de ce tournoi la tête haute. L’honneur est sauf mais le chemin est encore long jusqu’à la coupe du monde
La révolte
Marc Liévremont parle de la « révolte d’un groupe d’homme ». Après la défaite face à l’Italie, il est vrai qu’ avant même le coup d’envoi du match, on sentait une équipe de France concentrée, appliquée, prête à réaliser un grand match. Les gallois sont détendus, presque trop. Le contraste est saisissant entre un XV de France gonflé à bloc et des gallois décontractés. Même durant les hymnes l’émotion est palpable chez les bleus, notamment chez un certain Lionel Nallet très affecté par la défaite à Flaminio. Dès les premiers ballons du match, la tendance se confirme, les bleus sont bien là, prêts à réaliser un grand match.
« Une bête blessée »
Le jeu de l’équipe de France ne s’est pas miraculeusement éclairci le temps d’un match, mais le XV de France a démontré qu’aucun schéma tactique ne peut exister sans envie et combativité. C’est d’ailleurs autour de ces valeurs que le sélectionneur a voulu rassembler ses troupes. La victoire s’est construite grâce à des choses simples, solide en conquêtes et imperméable en défense. Une défense acharnée qui récupère de nombreuses balles en possession des diables rouges. Symbole de cette défense agressive, les deux essais du grand Lionel Nallet émanant de ballons de récupérations chipés dans les mains galloises. Fini le légendaire « french flair », le jeu est simple, basé sur une alternance jeu au près, jeu au large, quadrillage du terrain au pied. C’est d’ailleurs sur une belle inspiration au pied de François Trinh-Duc que Vincent Clerc inscrit le troisième essai français.
A plusieurs reprises dans ce match, la défense plie mais ne rompt pas, il semble que rien ne pouvait aller au bout coté gallois, cuillères, poussées en touche, plaquages à un mètre de la ligne, les français ont utilisé tout l’arsenal d’une défense héroïque. Ce match signe peut être le début d’une nouvelle ère, celle d’une génération surement plus besogneuse que talentueuse et qui se retrouve davantage dans des valeurs simples, proche d’un rugby à l’ancienne.
Un homme dans le match
Lionel Nallet a été grand samedi soir. Ce travailleur de l’ombre est devenu le temps d’un soir le héros de tout un stade. Plutôt catalogué comme un déménageur, c’est en véritable virtuose que le deuxième ligne français a inscrit ses deux essais. Que ce soit en position d’ailier pour inscrire un essai en bout de ligne ou auteur d’une percée plein champ tel un trois quart centre, rien ne semblait pouvoir arrêter Lionel Nallet ce soir là. Visiblement touché par la défaite en Italie, le colosse francilien a démontré qu’on pouvait compter sur lui pour la coupe du monde néo-zélandaise.
Bilan
Malgré un tournoi qui restera dans les annales par la tristesse du jeu tricolore et la débâcle de Flaminio, l’équipe de France termine deuxième du tournoi derrière des anglais sèchement battus en Irlande 24-8.
En regardant de plus près le classement une tendance se dessine, le rugby de l’hémisphère nord est très homogène, pas de grand chelem, pas de cuillère de bois, toutes les équipes semblent en mesure de battre leurs adversaires. Malheureusement ce constat révèle une réalité peu glorieuse, ce ne sont pas les nations de second plan qui ont élevées subitement leurs niveaux de jeu mais bel et bien les places fortes de l’hémisphère nord qui ne règnent plus sur le rugby européen. La coupe du monde s’avère très compliquée…
Photo CC/Sergio D’Afflitto : A Rome, l’Italie bat la France pour la première fois dans le tournoi des 6 nations 2011