Le massacre commis jeudi après midi sur un marché du quartier d’Abobo, à Abidjan, par des forces loyales à l’ancien Président Laurent Gbagbo et qui aurait fait une centaine de morts de blessés pourrait constituer un crime contre l’humanité, ont estimé vendredi la Haut commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, Navi Pillay, et l’Opération des Nations Unies en Côte d’Ivoire (ONUCI).
« Il est difficile de ne pas conclure que cet acte pourrait constituer un crime international, potentiellement un crime contre l’humanité », a dit le porte-parole de la Haut commissaire, Rupert Colville.
« Nous sommes très inquiets sur la situation en Côte d’Ivoire qui semble s’être encore détériorée ces dernières semaines », a-t-il ajouté. « Un tel acte contre des civils pourrait constituer un crime contre l’humanité », a également prévenu vendredi l’ONUCI onusienne par communiqué.
Selon la Mission, « l’examen des projectiles tirés jeudi après midi au marché d’Abobo et dans ses environs permet de confirmer qu’il s’agissait d’obus de mortiers de 81 mm. Les forces de sécurité du camp du Président Gbagbo ont tiré les obus à partir d’un camp militaire faisant une centaine de victimes, tués et blessés confondus ».
L’ONUCI a réitéré qu’elle se réserve « le droit de prendre des mesures appropriées en vue d’assurer la protection des civils, conformément à son mandat ».
Peu après les tirs, l’ONUCI a dépêché jeudi après midi une patrouille robuste accompagnée d’experts des droits l’homme afin d’évaluer la situation à Abobo. L’équipe sur place a pu observer que des forces armées du camp de l’ancien Président Laurent Gbagbo ont tiré au moins six projectiles sur le marché.
Plus tôt dans la journée, l’ONUCI avait indiqué lors d’une conférence de presse à Abidjan que le nombre de personnes tuées en Côte d’Ivoire depuis la mi décembre 2010 avait atteint 410 et soulignait un accroissement récent du nombre de victimes en raison de la flambée de violence due à l’impasse politique.