C’est une révolution. La première révolution numérique si l’on en croit de nombreux observateurs. De nombreuses manifestations ont été effectivement organisées sur les réseaux sociaux Facebook ou Twitter #tunisie. Mais les causes de ce mouvement populaire sont a rechercher à la fois dans les conditions économiques et l’oppression exercée par le pouvoir central de Ben Ali. Symbole de cette révolution de « jasmin » telle que qualifiée par les tunisiens : l’immolation d’un jeune marchand de rue à Sidi Bouzid, le 17 décembre 2010. Par la suite, les manifestations se sont multipliées dans toute la Tunisie. Sévèrement réprimées. Les forces de police ont tiré à balles réelles sur la foule et de nombreux tunisiens -plusieurs dizaines, plus de cent ?- sont morts lors des évènements. Des observateurs -dont l’ONU- et des opposants ont fait état de nombreuses arrestations, d’actes de tortures et des mauvais traitements quasi systématiques.
Sous la pression de l’ONU et de la rue, Ben Ali a tenté de lâcher du lest en limogeant son ministre de l’intérieur. Peine perdue : les tunisiens réclamaient la tête du dictateur. Cette semaine les évènements se sont accélérés. Les manifestations se sont amplifiées dans la capitale Tunis. Ben Ali est alors intervenu à la télévision jeudi pour annoncer une première série de mesures. Peine perdue. Les tunisiens, las des promesses non tenue de Ben Ali se sont le lendemain vendredi, rendu en masse dans les manifestations. Après une dernière tentative et l’annonce d’élections anticipées, la nouvelle est tombée en fin d’après midi, d’abord sur le réseau social Twitter puis officiellement : Ben Ali quitte le pouvoir et la Tunisie. L’information est confirmée par le Premier ministre et le président de l’Assemblée nationale qui déclarent prendre le pouvoir en transition.
Qu’en sera t il demain ? Quel sera le rôle des forces armées ? La transition démocratique sera t elle effective ? Autant de questions auxquelles il est aujourd’hui difficile de répondre tant la situation est confuse sur place.
L’attitude de la France a été vivement critiquée. La France n’a pas formellement condamné les exactions commises par l’administration de ben Ali. Seuls quelques appels au calme ont été lancés depuis Paris. Un universitaire, ressortissant franco tunisien a été tué sans que la France ne condamne le geste. Le ministère des affaires étrangère a seulement demandé une enquête indépendante ! La palme aux deux ministres Michèle Alliot Marie et Frédéric Mitterrand. Ce dernier a publiquement réfuté le caractère de dictature au régime de Ben Ali et quant à la Ministre des affaires étrangère elle a, devant l’Assemblée nationale, proposé à Ben Ali l’aide et l’assistance des forces de maintien de l’ordre françaises. Un rendez vous manqué entre le gouvernement français et le peuple tunisien …
Photo DP/USGov/Toulouse7.com : le président Ben Ali aurait d’abord cherché refuge en Italie puis en France. Selon les dernières informations il serait, avec certains membres de sa famille, en Arabie Saoudite.