La presse internationale fait lundi ses choux gras des derniers documents publiés par le site Wikileaks en association avec les plus grandes rédactions occidentales : The New York Times, LeMonde, Der Spiegel, the Guardian et El Pais. Pourtant ces fameuses « révélations » ne révèlent finalement pas grand chose de nouveau sur les faits, le cynisme et la réalité des relations internationales. Et au premier chef celle de la puissance américaine. Une analysé précise et objective de la séquence laisse même poindre une tentative particulièrement bien organisée de manipulation de l’opinion publique internationale, en faveur des Etats Unis et contre les nouveaux « méchants » Iran et Chine, et une complicité plus ou moins active de grands groupes de presse qui pour l’occasion ont, sans nul doute, augmenté sensiblement leur lectorat. Point par point de la source en passant par le message et la cause :
LA SOURCE INITIALE, LES CABLES DIPLOMATIQUES
Wikileaks aurait donc, une nouvelle fois, bénéficié de fameux « câbles diplomatiques ». Transmissions par lesquelles, diplomates et militaires rendent compte de leurs activités à leurs supérieurs et à l’administration. Le nombre de documents serait très important, supérieur aux 100 000. Qu’une telle somme de documents puisse être rendue publique sans l’intervention d’un complice paraît plutôt étonnant. L’Etat le plus développé de la planète dispose, sans nul doute des moyens les plus sûrs de crypter ses réseaux et/ou de tracer le cheminements des informations. Quel est l’intérêt d’un membre ayant accès au réseau de ces câbles diplomatiques de les rendre publics ? Pour répondre à cette question, voyons le contenu des informations.
LES INFORMATIONS/RENSEIGNEMENTS RENDUS PUBLICS
Rien de nouveau sous le soleil pour un observateur attentif des rapports de forces internationaux. La Chine aurait organisé des tentatives de piratage du Web ? Les autorités de Pékin étaient fortement soupçonnées … que des riches saoudiens financent Al Qaeda : une information déjà réchauffée. Que les autorités saoudiennes Sunnites craignent leur voisin iranien Chiite ? Secret de polichinelle. Que l’Iran se serait dotée de missiles balistiques longue portée ? Une justification au fameux bouclier anti missile de l’OTAN. Bref wikileaks et les sites d’informations associés à cette opération de communication ne « sortent » là que du réchauffé. Idem pour les notes sur les profils psychologiques des chefs d’Etat ou les tentatives d’espionnage de l’ONU : lot commun des services ! En filigrane ces informations ne disent qu’une seule chose. Dans un contexte d’émergence de la puissance « pacifique chinoise » les Etats Unis tentent de réaffirmer leur puissance. Washington reste au centre du jeu, sinon diplomatique, du moins médiatique … Et ces « révélations » interviennent une semaine jour pour jour après le sommet de l’OTAN à Lisbonne.
Dès lors que penser de tout le barnum lié à ces révélations ? Plusieurs enseignements. Tout d’abord le monde du XXIe siecle n’est pas le monde de paix et de relations internationales apaisé qui nous était annoncé après la chute du mur de Berlin. Et dans un monde aussi incertain, il est une bonne chose que les opinions soient informés des réalités. D’autre part, les Etats Unis restent au centre du grand jeu international. Et l’administration Obama, certes moins va t en guerre que celle de Bush, sait aussi user de méthodes cyniques pour arriver à ses fins, à savoir protéger les intérêts américains.
Christophe Cavaillès
Photo Toulouse7.com : montage avec logo du site Wikileaks.