L’information est livrée par l’un des plus grands spécialistes européens des mafias « italiennes ». Auteur d’un ouvrage intitulé « Mafia Export » largement commenté par la presse internationale, Francesco Forgione a longtemps présidé la commission anti mafia du parlement italien. Il connait donc particulièrement bien le sujet. Et selon lui l’une des plus puissantes organisation criminelle italienne, la terrible ‘Ndrangheta serait belle et bien implantée dans la ville rose. Originaire de la région de Calabre, cette mafia aujourd’hui spécialisée dans le trafic international de cocaïne a longtemps exercé dans les enlèvements et le racket. Moins connue que la Cosa Nostra sicilienne ou la Camorra Napolitaine, la ‘Ndrangheta disposerait à Toulouse, comme à Nice ou Marseille d’un relais, composé d’un clan.
Cette présence pour le moins inquiétante, tiendrait, selon Francesco Forgione, d’ une stratégie précise développée par cette puissante organisation criminelle : prendre pied dans des secteurs de l’économie pour pratiquer le blanchiment d’argent à grand échelle. Selon le dernier rapport d’Eurispes, institut de données économique, social et politique sur le crime organisé en Italie, la Ndrangheta, la mafia calabraise, serait devenue la plus riche et la plus puissante organisation criminelle d’Italie avec un chiffre d’affaire évalué à quelques 44 milliards d’euros pour l’année 2008. Selon de nombreux rapports convergents, cette véritable pieuvre serait notamment à la tête du très juteux trafic de cocaïne en Europe.
Si son activité n’est pas encore connue à Toulouse et dans le sud ouest, une sériesde meurtres dans la région de Thuringe en Allemagne a permis de lever le voile sur ses méthodes de blanchiment d’argent sale. Ainsi, et selon un rapport public de la police allemande « la Ndrangheta blanchirait l’argent du trafic de stupéfiants en achetant couramment hôtels et restaurants en Thuringe, en Saxe et sur les rives de la Baltique. Elle aurait également passé des ordres évalués à 9 millions d’euros à la Bourse de Francfort« .
Qu’en est il à Toulouse ? Mystère. Philippe Motta, spécialiste des questions judiciaires et auteur, notamment, de l’ouvrage Silence on juge (Les affaires criminelles de Toulouse) publié aux éditions Privat écarte l’idée d’un milieu toulousain à la marseillaise mais évoque, lui aussi, la possibilité d’un centre toulousain de blanchiment d’argent.