Editorial. L’année 2010 marquera le cinquantenaire de 17 pays africains. Un demi-siècle de magistrature suprême, d’autonomie et du droit du peuple à disposer de lui-même.
le monument de la renaissance africaine 53 mètres, 222 mille tonnes de bronze
Ce qui nous intéresse ici c’est l’accession à l’indépendance des anciennes colonies française, cette fameuse année de 1960. Elles sont 14 à qui la France a remit les clefs de l’indépendance. La Partie française du Cameroun sera indépendante le 1er janvier 1960 avant sa réunification avec la partie britannique en 1961. Le Sénégal est donc le 1er pays à part entière de cette année à obtenir son Indépendance. C’était le 4 avril 1960.
Le Président Sénégalais Abdoulaye Wade a saisi donc cette occasion pour marquer de son empreinte ce cinquantenaire en hérissant un immense monument dit le monument de la renaissance africaine. Une œuvre de 53 mètres, 222 mille tonnes de bronze représentant une famille africaine. Cout total 15 milliards de francs Cfa quand on sait que beaucoup de sénégalais ont du mal à s’en sortir. Rien de surprenant c’est une habitude chez les chefs d’Etats africains que de bâtir des énormités quand le peuple cherche à joindre les deux bouts.
50 ans d’Indépendance, et la majorité des pays francophones d’Afrique sont toujours dans le brouillard. Il est loin le temps où l’on fredonnait la fameuse chanson « Indépendance tcha tcha » de grand Kallé, où la nation pensait à un avenir radieux. Car les guerres, la xénophobie, le népotisme, l’arrivisme, la fraude on pourrait même citer toutes les plaies possibles bref sont venus ralentir les espoirs. Le rêve d’une Afrique prospère.
Les bases démocratiques font défaut au Togo, Cameroun, les deux Congo, au Gabon, au Niger, Tchad, Burkina Faso. Pis encore le pouvoir se lègue désormais de père en fils.
Alors plusieurs questions, pourquoi l’Afrique francophone a du mal à émerger ? L’ex puissance coloniale a-t-elle toujours une main mise inconditionnelle sur ses sujets ? Autant de questions, autant de débats, autant de Polémique. L’échec de ces pays réside dans l’incapacité de leurs dirigeants à résoudre leurs problèmes d’égo et cette soif perpétuelle de demeurer au pouvoir.
la démocratie a un sérieux coup de retard en Afrique
Gnassingbé Eyadema aura dirigé le Togo pendant 38 ans, il meurt au pouvoir en 2005 et depuis c’est sont fils qui dirige les affaires du pays. Omar Bongo 42 ans de règne sans partage au Gabon meurt au pouvoir en 2009 et son fils « bien aimé » prend la succession des affaires familiales et par la même occasion celle du pays. Dans un autre contexte Joseph Kabila succède à son père en RDC après l’assassinat de ce dernier lui-même auteur d’un coup d’Etat.
On prête à d’autres fils de… des ambitions présidentielles… Coup d’Etat au Niger, au Mali, en Guinée, en Côte d’Ivoire. Décidément la démocratie a un sérieux coup de retard en Afrique. Pis de 1960 à 2010 elle est en régression permanente. Censure de la presse, emprisonnement injustifié, oppression, Certaines générations arrivent même à regretter une indépendance jugée précoce.
Accusée à tord ou à raison, l’ex puissance coloniale reste le plus grand bénéficiaire de ces changements positifs comme chaotiques. Ses grands groupes sont parfaitement représentés, dans les richesses du sous sol, notamment le pétrole, dans la filière bois en gros dans tous les secteurs bénéfiques pour eux. On parle d’Aréva, de Total, de Bolloré, de Bouygues, Véolia pour ne citer que ceux là. Quitte à aider des dictateurs et sacrifier des familles entières seul son intérêt compte.
la décadence ?
Bref, revenons à nos moutons… comme on dit au pays… Bref cette décadence l’Afrique la doit aux africains et leur immobilisme. Le Sénégal a fêté en grandes pompes le weekend dernier son accession à la magistrature suprême je disais tantôt.
Le Sénégal est l’un des pays les plus stables d’Afrique car il n’y a jamais eu de coup d’État, et le « modèle sénégalais »8 était souvent mis en avant dans le passé, même si Amnesty International dénonce encore quelques arrestations à caractère politique. Le premier président est Léopold Sédar Senghor, leader charismatique et poète de renom. En 1981 son Premier ministre Abdou Diouf prend sa succession, mais en 2000 le Parti démocratique sénégalais l’emporte avec Abdoulaye Wade, réélu en 2007. L’actuel chef du gouvernement est Souleymane Ndéné Ndiaye, nommé en avril 2009. Une alternance politique remarquable et remarqué en Afrique.
D’ailleurs pour le Président Wade les conditions sont aujourd’hui réunies pour que le continent explore de nouveaux horizons qui vont le sortir du sous-développement. «Le temps du décollage est arrivé parce que des possibilités inédites s’offrent à nous de mettre en place les Etats-Unis d’Afrique, surtout au moment où les autres peuples forment de grands ensembles, politiques et économiques» a-t-il annoncé lors de l’inauguration du monument de la renaissance africaine en présence d’une vingtaine de ses pairs.
Il pense aussi qu’aucun dirigeant africain ne pourrait, à l’heure actuelle, empêcher les peuples africains de briser les murs du cloisonnement imposés par le néocolonialisme. L’Afrique malgré 5 siècles d’esclavage, de traite négrière, de colonisation d’autant « d’épreuve et de tragédie humaine, pliant parfois mais sans jamais rompre est toujours debout et plus que jamais décidée à prendre son destin en main ».
Un discours frais, motivant et encourageant, on peut penser que la rupture commence à prendre forme. En fin de compte 50 ans c’est encore trop jeune, trop tôt pour qu’une nation arrive à maturité.
Dorothée.R