Le Programme alimentaire mondial (PAM) a annoncé mardi le lancement de nouveaux projets « argent et nourriture contre travail » en Haïti, afin de soutenir la réhabilitation agricole, illustrant la mobilisation des Nations Unies pour une transformation en profondeur du pays avant la Conférence des donateurs demain à New York.
l’accès à la nourriture pour les plus vulnérables
« Ces programmes ont été validés par le gouvernement haïtien et seront mis en oeuvre en étroit partenariat avec les institutions nationales. Ils suivent les priorités du gouvernement pour soutenir la production agricole et la sécurité alimentaire tout en garantissant l’accès à la nourriture pour les plus vulnérables, ce qui en fait un élément essentiel vers la sécurité et la stabilité sociale en Haïti », a déclaré Michel Chancy, secrétaire d’Etat pour la production animale et l’assistance alimentaire en Haïti.
Ces programmes seront lancés dans les prochaines semaines à destination de deux millions de personnes, alors que la phase initiale d’aide d’urgence touche à sa fin. Depuis le tremblement de terre du 12 janvier, le PAM est venu en aide à près de 3,5 millions de personnes avec la distribution de rations de riz, de farine, de haricots, d’huile et de sel, grâce à des contributions à hauteur de 260 millions de dollars.
besoin de 55 millions de dollars
« Les donateurs internationaux ont été extrêmement généreux mais nous avons encore besoin de contributions en liquidités », a indiqué la Représentante du Programme dans le pays, Myrta Kaulard.
« De plus, nous avons besoin de 55 millions de dollars pour financer le rôle essentiel du PAM dans le soutien logistique à la communauté humanitaire internationale dans son ensemble, surtout dans le pré-positionnement des abris et d’autres éléments urgents que nous devons installer avant la saison des pluies et des ouragans », a-t-elle expliqué.
Le PAM a souligné que le capital humain en Haïti aurait un rôle prépondérant pour fournir des filets de sécurité pour les plus vulnérables, stimuler la production agricole locale et soutenir les marchés dans tout le pays, après le tremblement de terre.
En amont de la conférence des donateurs, l’expert indépendant des Nations Unies sur la situation des droits de l’homme en Haïti, Michel Forst, a pour sa part averti depuis Genève que si les donateurs se concentraient exclusivement sur la reconstruction physique et institutionnelle du pays, sans prêter une attention égale aux droits de tous les citoyens, ils risquaient de recréer les conditions qui ont fait du tremblement de terre du 12 janvier une catastrophe si dévastatrice.
La main de l’homme a joué un rôle majeur dans le désastre
« La perte d’environ 230.000 vies dans le tremblement de terre ne peut pas être attribuée uniquement à la nature », a-t-il souligné. « La main de l’homme a joué un rôle majeur dans le désastre, surtout par les politiques et la mauvaise gouvernance qui ont amené tant d’Haïtiens à vivre depuis si longtemps dans la pauvreté et dans des logements inappropriés », a-t-il expliqué.
Par conséquent, « ceux qui sont responsables de la reconstruction, aux niveaux national et international, doivent empêcher que l’on recrée les mêmes conditions perpétuant les inégalités et la pauvreté, ainsi qu’une violence largement répandue ».
M. Forst a donc appelé les donateurs à « promouvoir l’accès des Haïtiens aux droits sociaux, culturels et économiques, ainsi que civiques et politiques ». « Ces deux ensembles de droits vont de pair, et si l’un des aspects est négligé, les autres en souffrent également », a-t-il insisté.
La reconstruction du système judiciaire est d’une importance vitale à cet égard, et une attention particulière doit être portée aux personnes déplacées, aux populations des quartiers les plus pauvres, aux femmes, aux enfants, aux personnes âgées, aux handicapés et aux personnes atteintes du VIH/Sida, a-t-il précisé.
A Genève également, le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) a souligné l’importance du rôle des enfants dans le processus de reconstruction. En effet, 40% de la population a moins de 15 ans.