Effet direct de la situation chaotique que traverse l’Afghanistan, l’héroïne fait un retour en force à Toulouse comme dans toute la France. A un point tel que les professionnels tirent la sonnette d’alarme notamment pour les jeunes qui voient aujourd’hui dans la poudre blanche un « produit mythique ».
le gramme d’héroïne se négocie aux alentours de 60 euros
L’Observatoire français des drogues et des toxicomanies vient de rendre public son nouveau rapport « Drogues et usages de drogues en France État des lieux et tendances récentes 2007-2009 » établi sur le dispositif TREND (Tendances récentes et nouvelles drogues), mis en place en 1999, s’appuie sur un réseau de sept sites situés en France métropolitaine et notamment à Toulouse.
Dans toute la France, les quantités d’héroïne saisies par les forces de l’ordre continuent à augmenter (+ 7,8 % par rapport à 2007) après une croissance brutale entre 2005 et 2006 (+ 40 %). Entre 1999 et 2008, la quantité d’héroïne saisie a été multipliée par près de 5,5.
C’est chez les 18-25 ans que l’on trouve la part d’usagers au cours de l’année la plus élevée, soit 0,4 %. En 2008, parmi les jeunes âgés de 17 ans, la fréquence de l’expérimentation de l’héroïne s’élève à 1,1 % (0,8 % chez les filles et à 1,4 % chez les garçons). Elle connaît ainsi une augmentation de 56 % par rapport à celle mesurée en 2003. Le prix de l’héroïne se négocie en moyenne à 42 euros. Mais à Toulouse ou Bordeaux les prix de vente au détail tourneraient aujourd’hui autour des 60 €.
Des passages au stade de la dépendance à l’héroïne sont rapportés de plus en plus fréquemment par les professionnels des centres de soins même si les données quantitatives manquent. Ils notent avoir affaire dans ce cadre à des usagers de plus en plus jeunes. Une particularité de ces usagers est de conserver un usage en sniff ou en inhalation à chaud même dans les situations de dépendance. En 2008, une visibilité plus importante de ce phénomène est constatée notamment à Toulouse souligne le rapport.
HIV et Hépatite C
En 2008, les interpellations pour usage ont augmenté de 21 % par rapport à l’année précédente. Ce nombre a été multiplié par pratiquement 2,5 depuis 2003, après une chute continue depuis le milieu des années quatre-vingt-dix.
En 2008 les interpellations pour trafic ou revente ont fortement augmenté (+ 28 % par rapport à 2007, + 117 % depuis 2003).
Aujourd’hui, il apparaît que l’évolution des marchés et notamment le retour de la disponibilité de l’héroïne à un niveau significatif est actuellement en train de redistribuer les cartes : l’héroïne redevient un produit consommé en première intention par de jeunes consommateurs, dans un usage qu’ils pensent pouvoir maîtriser avec ou sans les substituts.
Avec ce retour en force de l’héroïne les professionnels assistent à une aggravation du risque de contaminations. A cet égard Toulouse est particulièrement touché par ce phénomène. Les estimation de la prévalence de l’infection à VIH sur les prélèvements salivaires parmi les usagers des structures de première ligne de l’enquête Bio Prelud note un taux important et supérieur de 10,6 % à Toulouse. Par comparaison il n’est que de 5,3% à Lyon. Pour l’hépatite C ce taux monterait à 42 % à Toulouse. Bref une catastrophe sanitaire.