La semaine dernière Pierre Cohen a annoncé une baisse sensible du prix de l’eau à Toulouse. A mots couverts, le député maire socialiste avait accusé ses prédécesseurs et notamment Jean Luc Moudenc de ne pas avoir négocié plus tôt une baisse tarifaire.
L’ancien maire de Toulouse et Président du Groupe d’opposition au conseil municipal de Toulouse répond aujourd’hui à Pierre Cohen.
C’est la question qui a été posée lors du récent débat sur l’eau au Conseil municipal.
Voici in extenso la position de Jean Luc Moudenc
« Le contrat liant la Mairie et l’entreprise professionnelle prestataire, Véolia, a démarré en 1990, avec une durée de 30 ans, soit jusqu’en 2020. A l’époque, il y a eu simple reprise du tarif général antérieur au contrat, quand l’eau était un service municipal comme un autre, c’est à dire une régie. Dès le départ, la municipalité de Dominique Baudis a défini un vaste programme d’investissements, à la charge de l’entreprise, pour améliorer la qualité de l’eau et moderniser toutes les installations, dans une optique de développement durable, à une époque où cela n’était point à la mode.
Les usines d’épuration ont été mises aux normes, sans cesse plus contraignantes et plus coûteuses, faisant aujourd’hui de Toulouse une des grandes villes de France les plus en pointe en cette matière, avec des indices de performance qualitative supérieurs au niveau règlementaire exigé. C’est ainsi que, d’ici 2 ans, sera achevée une opération de longue haleine, le remplacement de tous les branchements en plomb de la ville (Plus de 50 000 branchements auront ainsi été remplacés par le concessionnaire). C’est ainsi, également, que la déperdition de l’eau est inférieure à 8% à Toulouse, quand elle s’élève en moyenne à 30% dans le bassin Adour-Garonne et à 20% en milieu urbain. Tout cela a bien sûr un coût, évidement lourd. Au total, depuis le début du contrat, 33 millions d’euros ont été investis sur le service de l’eau. De plus, Veolia a pris a sa charge le remboursement de 94 millions d’euros d’emprunts contractés par la Mairie pour le service de l’eau avant 1990. C’est pourquoi, pendant les 20 premières années du contrat, Véolia a plutôt perdu de l’argent, faisant, en quelque sorte, une avance financière que le contribuable-consommateur aurait eu à régler en totalité sinon. Ce n’est que depuis 2009 que les comptes s’équilibrent. C’est ce que montre l’audit des flux financiers du contrat Ville-Véolia, réalisé à la demande de mon successeur, analysant ce que Véolia a encaissé et décaissé depuis 1990. Si on prend en considération les frais financiers, il faut même attendre 2016 pour que se dégage une rentabilité. C’est la raison pour laquelle, en 2007, j’avais fait voter par le Conseil municipal l’engagement de négociations afin de baisser le prix de la fourniture de l’eau, et c’est sur cette base que la municipalité actuelle a pu s’appuyer. Mon but était de discuter avec l’entreprise en 2008, pour en faire bénéficier les Toulousains dès 2009.
Aujourd’hui, en cette matière comme en tant d’autres depuis près de 2 ans, la municipalité actuelle tire les marrons du feu, profitant de la bonne gestion de nos équipes. Si une des municipalités précédentes avaient voulu négocier une baisse du prix de l’eau il y a 5 ou 10 ou 15 ans, le déséquilibre des comptes d’exploitation d’alors aurait privé la Mairie d’arguments solides pour un obtenir une vraie baisse. »
Jean-Luc MOUDENC
Maire de Toulouse de 2004 à 2008
Président du Groupe d’opposition au conseil municipal de Toulouse