Le rapport d’information de la commission de défense de l’Assemblée nationale a été publié mercredi. Dans ce texte intitulé « Les enjeux géostratégiques des proliférations » les rapporteurs reviennent sur l’enjeu de l’arme nucléaire et ses implications politiques. dans cette synthèses quelques éléments à retenir. Voici les principaux passage de ce texte :
Certaines de ces conclusions sont discutables.
Sur les stocks mondiaux d’armes nucléaires
« Neuf pays détiennent aujourd’hui environ 25 000 têtes atomiques. La Russie est au premier rang, avec 14 000 têtes (une grande partie étant obsolètes), les Etats-Unis en possèdent 10 500, la Chine en annonce entre 180 et 240, la France et le Royaume-Uni respectivement 280 et 200, l’Inde en détiendrait entre 50 et 100, le Pakistan environ 60. Israël disposerait de 75 à un peu moins de 200 têtes et la Corée du Nord de 5 à 10, mais ces dernières ne sont sans doute pas opérationnelles. »
« le concept de dissuasion est le fondement de la politique de défense de la France et qu’il garantit notre indépendance nationale »
« L’arme nucléaire est un facteur de paix dans les relations internationales »
L’Iran aura un arsenal nucléaire, conséquences
Nous considérons qu’il sera difficile d’empêcher l’Iran d’avoir la capacité de mettre au point un engin nucléaire. A l’heure où nous écrivons ces lignes (novembre 2009), nous avons la certitude que l’Iran a au minimum la volonté d’être un Etat du seuil. Savoir s’il veut faire exploser une bombe et bâtir un arsenal est une autre question. Ses progrès dans la mise au point de missiles balistiques montrent qu’il veut maîtriser l’ensemble du processus qui va de l’enrichissement de l’uranium au lancement de vecteurs porteurs de charges.Un Iran doté de la technologie nucléaire militaire ne modifiera pas les stratégies d’usage de la bombe. Il ne représentera aucune menace militaire pour la sécurité de l’Europe, des Etats-Unis ou d’Israël, dans la mesure où les dirigeants iraniens savent qu’ils se heurteraient à des représailles massives en cas d’utilisation de leur bombe.
« En conséquence, le déploiement d’un bouclier antimissile pour protéger l’Europe et les Etats-Unis n’est pas indispensable. Il peut éventuellement constituer un outil utile, mais la dissuasion est le moyen essentiel de rappeler aux dirigeants iraniens la nature fondamentale de l’arme nucléaire. »
« Dans l’hypothèse où l’Iran se doterait de l’arme nucléaire, nous pensons que le seul choix d’Israël sera de rendre publique l’existence de son arsenal puis d’entamer des négociations avec Téhéran, ne serait-ce que pour éviter le déclenchement accidentel d’une guerre nucléaire. En revanche, la perspective d’un Moyen-Orient dénucléarisé s’éloignera encore car d’autres Etats, notamment la Turquie, souhaiteront peut-être se doter d’ADM. »
Le Pakistan et le risque d’attentat terroriste
« Nous considérons nécessaire de fournir au Pakistan toute l’assistance dont il a besoin pour sécuriser son arsenal nucléaire. Ce dernier ne risque pas dans l’immédiat de tomber aux mains des terroristes, mais il convient de rester vigilant tout autant que de respecter la souveraineté pakistanaise. »
« Nous considérons que la France, qui a choisi de disposer d’une dissuasion suffisante et proportionnée à ses besoins, n’a pas à réduire une nouvelle fois un arsenal composé de quelques centaines de têtes quand les Etats-Unis et la Russie en détiennent encore plusieurs milliers »
« La libéralisation des échanges a favorisé et continuera de favoriser la dissémination des technologies nucléaires et balistiques. La mondialisation a pour caractéristique de faciliter la diffusion des connaissances. Aucune mesure juridique et pratique n’a empêché pour l’instant le développement de ce phénomène. »
« L’abondante dissémination des matières fissiles à travers le monde rend hypothétiquement possible un attentat par un moyen radiologique. »
« La complexité de la technologie nucléaire, notamment de la détonique, rend en revanche hautement fantaisiste l’hypothèse qu’un groupe terroriste puisse provoquer un attentat nucléaire, sauf s’il bénéficiait de l’aide d’un Etat… Ce qui changerait la nature de l’acte et provoquerait des représailles contre cet Etat. Nous considérons qu’un tel attentat est un mythe, que des gouvernements ou des groupes de pression ont parfois intérêt à agiter pour atteindre d’autres objectifs politiques, comme un contrôle croissant sur l’ensemble de la société au nom de la sécurité, au détriment des libertés individuelles et publiques. »