C’est le procès d’un petit trafiquant, mais surtout d’un gros consommateur qui se tenait jeudi au palais de justice de Toulouse. Le 2 octobre dernier Denis, 28 ans, passe la frontière française après avoir fait un petit tour de quelques heures en Espagne.
La scène est habituelle, beaucoup d’habitants de la région vont se réapprovisionner en cigarettes ibériques, bien moins cher. Mais trois motards de la douane volante le repèrent et, suivant leur instinct, commencent à le suivre discrètement. Car en effet, rien n’empêche ces motards d’utiliser leur flair d’experts pour suivre à la trace un suspect, jusque chez lui s’il le faut. C’est ce qui s’est produit ce jour là : les trois douaniers ont parcouru plus de 200 km pour arriver finalement dans le quartier du Mirail, sur le parking d’un immeuble.
Pris la main dans le siège
Discrètement, ils observent Denis qui décharge ses marchandises dont des cigarettes et des bouteilles d’alcool. Puis ils interpellent le suspect au moment où celui retire de l’arrière du fauteuil passager un gros paquet marron. Pris la main dans le siège, l’homme ne peut que se plier au contrôle de la douane qui identifiera le paquet comme étant un pain de résine de cannabis de 3,8 kg. Emmené à la gendarmerie, il sera même contrôlé positif au THC et donc inculpé pour conduite sous l’empire de substances stupéfiantes. Rien ne lui sera épargné, pas même le quota largement dépassé concernant l’import d’alcool et les cartouches de cigarettes. Il aurait effectivement fallu qu’il soit accompagné de 3 autres personnes pour ramener toutes ces marchandises en France.
Au procès, Denis doit s’expliquer. Il dit d’abord ne pas connaitre le nom de son fournisseur, mais qu’il s’agirait d’un Français résidant en Espagne la plupart du temps. Puis vient son explication quant à l’usage qu’il comptait faire de la résine : « Je suis un gros consommateur. Vous avez pu le constater quand les gendarmes m’ont contrôlé, je fume plusieurs joints par jour, avoue-t-il. Mais je ne revends que très peu. Des fois mes amis m’en demande, je leur en vends. Mais c’est toujours de ma réserve personnelle que je prends pour vendre. Je n’ai jamais acheté de résine pour une autre personne que moi. ».
Faute avouée…
Le président du tribunal est enclin à croire en cette version, mais demande depuis combien de temps et à quelle fréquence ces virées ont-elle lieu. L’accusé, qui a décidé d’être le plus honnête possible dit passer la frontière tous les six mois pour acheter la même quantité à chaque fois, et que cela dure depuis trois ans.
Devant de tels aveux, le procureur reconnait que la personnalité du prévenu n’est en aucun cas dangereuse, que l’interpellation s’est bien passée et que les faits n’ont jamais été niés. Cependant, il compte voir Denis condamné sévèrement pour sa conduite sous l’emprise du cannabis qui, selon les propres mots de l’homme à la barre, est habituelle. Et bien entendu, il souhaite aussi voir déclarer une condamnation pour l’import de substance illicite en grande quantité. Au final le procureur demandera 2 ans de prison dont un an avec sursis et avec obligation de soins et 5000€ d’amende.
Le tribunal retiendra la coopération de Denis et la sanction sera réduite à 18 mois d’emprisonnement dont 12 avec sursis, ainsi que 3000€ d’amende. Mais le président insiste sur l’obligation de soins en rappelant que son comportement au volant est extrêmement dangereux et qu’il ne doit à la chance de n’avoir encore subi aucun dommage en voiture.
Walid Hamadi