Pourquoi Jean Jaurès reste t il aussi contemporain ? Né le 3 septembre 1859 soit 150 ans jour pour jour. Voici quelques éléments biographiques et bibliographiques destinés à mieux comprendre le théoricien socialiste français et apôtre de la paix.
Biographie -avec Wikipedia-
En guise d’introduction
Jean Jaurès est un homme politique français, né à Castres (Tarn) le 3 septembre 1859 et mort assassiné à Paris le 31 juillet 1914 par le militant d’extrême-droite Raoul Villain. Orateur et parlementaire socialiste il s’est notamment illustré par son pacifisme et son opposition au déclenchement de la Première Guerre Mondiale.
Sa formation intellectuelle
Brillant élève, Jean Jaurès fait ses études au lycée Louis-le-Grand. En 1878, il est reçu premier à l’École normale supérieure de la rue d’Ulm en philosophie, devant Henri Bergson. En 1881, il termine troisième à l’agrégation de philosophie.
Devenu professeur, Jaurès enseigne tout d’abord au lycée Lapérouse d’Albi, puis rejoint Toulouse en 1882 pour exercer comme maître de conférences à la faculté des Lettres.
Il est reçu docteur en philosophie en 1892 avec sa thèse principale De la réalité du monde sensible et sa thèse secondaire en latin, « Des origines du socialisme allemand chez Luther, Kant, Fichte, et Hegel ».
Son parcours politique
Ses travaux intellectuels, son expérience d’élu local, sa découverte des milieux ouvriers et des militants socialistes, l’orientent vers le socialisme. Cette évolution s’achève avec la grève des mineurs de Carmaux.
Jean Jaurès soutient cette grève des mineurs de Carmaux. Il accuse la République d’être aux mains de députés et ministres capitalistes favorisant la finance et l’industrie aux dépens du respect des personnes. Durant cette grève, il fait l’apprentissage de la lutte des classes et du socialisme. Arrivé intellectuel bourgeois, républicain social, Jean Jaurès sort de la grève de Carmaux acquis au socialisme.
Jaurès est alors désigné par les ouvriers du bassin pour les représenter à la Chambre. Il est élu le 8 janvier 1893 comme socialiste indépendant malgré les votes ruraux de la circonscription.
la défense du Capitaine Dreyfus
Désormais, Jean Jaurès représente à la chambre des députés les mineurs de Carmaux. Il milite avec ardeur contre les lois scélérates. Surtout, Jaurès se lance dans une incessante et résolue défense des ouvriers en lutte. Il défend les verriers de Carmaux, renvoyés par leur patron Rességuier. Il participe à la fondation de la Verrerie ouvrière d’Albi, premier grand exemple d’entreprise coopérative.
Jean Jaurès s’engage alors avec passion dans la défense de Dreyfus. Il s’oppose alors à certains autres socialistes, dont Jules Guesde pour qui Dreyfus est un officier bourgeois dont la défense ne serait pas prioritaire. Avec l’affaire Dreyfus, Jaurès devient un homme politique à l’influence nationale.
la fondation du Parti Socialiste et de l’Humanité
Battu aux élections de 1898 (l’installation de la Verrerie ouvrière à Albi et son ardente défense de Dreyfus ont provoqué sa défaite), Jaurès se consacre au journalisme et devient co-directeur de La petite république un journal socialiste républicain.
En 1902, Jean Jaurès participe à la fondation du Parti socialiste français. La même année, il parvient à reconquérir le siège de député de Carmaux qu’il conservera d’ailleurs jusqu’à sa mort (réélu en 1906, 1910 et 1914). Son talent d’orateur lui permet de devenir le porte-parole du petit groupe socialiste de l’Assemblée nationale.
En 1904, Jaurès fonde le quotidien L’Humanité qu’il dirige jusqu’à sa mort. Jaurès sous-titre son journal « quotidien socialiste » et l’utilise pour accélérer l’unité socialiste. Celle-ci est réalisée sous pression de la Deuxième Internationale au Congrès du Globe (avril 1905) avec la création de la Section française de l’Internationale ouvrière (SFIO), unifiant les différentes sensibilités socialistes de France.
Jaurès partage la direction de la SFIO avec le marxiste Jules Guesde. La SFIO fait sienne le constat de la lutte des classes, et s’affirme clairement internationaliste.
Jean Jaurès et la Guerre
Jaurès lutte contre la venue de la guerre les dix dernières années de sa vie. Il est très préoccupé et inquiet face à la montée des nationalismes et par les rivalités entre les grandes puissances (surtout pendant les guerres balkaniques en 1912-1913). En 1910, il rédige une proposition de loi consacrée à l’armée nouvelle dans laquelle il préconise une organisation de la Défense nationale fondée sur la préparation militaire de l’ensemble de la Nation
Le pacifisme de Jaurès le fait haïr des nationalistes. Le 31 juillet 1914, sortant de son travail à L’Humanité, Jaurès se rend au Café du Croissant où il est assassiné par Raoul Villain, un étudiant nationaliste.
Cet assassinat facilite le ralliement de la gauche, y compris beaucoup de socialistes qui hésitaient, à l’« Union sacrée ». La grève générale n’est pas déclarée.
Le 29 mars 1919, le meurtrier de Jaurès sera acquitté dans un contexte de fort nationalisme.
Quelques écrits :
Comment se réalisera le socialisme ? (1901)
L’Armée Nouvelle (1910)
Le discours à la jeunesse’ (1904)
Les Preuves (1898, sur l’Affaire Dreyfus)
Vers la république sociale
Quelques biographies récentes :
« Jaurès paysan » de Rémi Pech, éditions Privat 2009
« Le grand Jaurès », de Max Gallo, Robert Laffont, 1984
« Quand Jaurès administrait Toulouse » J-M Ducomte, Privat 2009
Une citation signée de Léon Trotsky « Jaurès, athlète de l’idée, tomba sur l’arène en combattant le plus terrible fléau de l’humanité et du genre humain : la guerre. Et il restera dans la mémoire de la postérité comme le précurseur, le prototype de l’homme supérieur qui doit naître des souffrances et des chutes, des espoirs et de la lutte »
Ci dessous : reprise de la célèbre chanson de Jacques Brel par Manu Dibango