« L’association Ailes Anciennes ressuscite l’ancien temps », s’amuse son président Jean François Bruna-Rosso. « Je suis passionné d’aviation depuis mon plus jeune âge » confie cet avocat de profession qui collectionne depuis 30 ans plus de 80 avions.
Drôle d’endroit pour ressusciter les avions : au milieu de l’entreprise Airbus où sont exposés les avions derniers cris. Pourtant, sur un bout de terrain de l’une des plus grandes entreprises aéronautiques, le sort de l’aviation est illustré de façon frappante. A quelques kilomètres de Toulouse, l’association des ailes anciennes s’est spécialisée dans le démantèlement et la restauration de vieux appareils. Il existe d’autres sites de ce type dans le monde, en Allemagne ou encore aux Etats-unis mais il reste le seul en France.
Cette activité méconnue résume l’Histoire de l’aviation : avancées technologiques, guerres ou épopées aériennes. Et, à en juger par l’abondance des engins qu’on peut voir sur place, le travail de restauration sera long. Jean François Bruna-Rosso gère administration et maintenance. Une cinquantaine de bénévoles sont à pied d’oeuvre pour redonner tout leur éclat à des avions réduits à l’état d’épave. Peinture contre la rouille, fabrication de pièces oubliées ou encore lutte contre la détérioration sont les chevaux de bataille de ces passionnés. « Nous avons aujourd’hui un bon réseau et on s’attend à recevoir encore d’autres appareils à sauver » confie le président de l’association. “Au début, je pensais en récupérer que deux ou trois. Aujourd’hui, nous en avons 80, et d’ici les prochaines années il y en aura encore d’avantage”, précise-t-il.
Un travail de longue haleine
Pour faire vivre la collection, toutes les sources sont exploitées : dons, achats, échanges ou encore mises en dépôt. Les machines stockées dans les immenses hangars des ailes anciennes attendent toutes d’être remise à neuf.
Cependant, l’activité des Ailes anciennes dépend aussi du cycle de vie des flottes aériennes mondiales. Un des quatre Super Guppy qui transportait du matériel pour la NASA, un dinosaure des airs, aurait pu ne jamais arriver à Toulouse sans les bonnes relations entretenues. Obtenu de justesse, le géant des airs repose aujourd’hui à Toulouse auprès d’autres avions mythiques.
Les avions sont remis en état de vol, mais aucun d’entre eux ne regagnera les nuages. « Nous préférons qu’ils restent statiques ». Le but : que chacun puisse un jour avoir accès à ce patrimoine aérospatial. « Il faut des milliers d’heures pour restaurer un avion mais il est difficile de trouver des partenaires financiers», poursuit Jean François Bruna-Rosso. Il faut parfois plusieurs heures, pour dévisser une seule vis rouillée”, précise un mécanicien bénévole. Un travail de passionné avant tout.
Il faut beaucoup de passion et un peu de patience pour remettre un avion sur ailes. Une fois le travail des techniciens terminé, l’avion qui a retrouvé une nouvelle jeunesse peut reposer parmi ces camarades (ou ennemis) ressuscités. A l’instar du FS-437, un avion de chasse américain qui cohabite aujourd’hui sous le même hangar que son ancien ennemi russe.
Les épaves et les avions obsolètes sont le « dada » de l’association. Sur le site des Ailes Anciennes repose des appareils retraçant la grande aventure de la conquête des airs. Des premiers avions des années 1930 au Concorde, c’est plus d’un siècle d’histoire qui se dessine. Avions de marchandises, de transports de personnes ou encore véritable engins de guerre, la flotte des ailes anciennes a de quoi en faire rêver plus d’un. Un des premiers avion commercial d’AirToulouse ou encore des appareils appartenant à des compagnies internationales, « nous ne nous sommes pas cantonnés aux frontières françaises. »
Oïhana Igos
Les nostalgiques de l’aviation peuvent s’offrir une visite à travers cette collection hors-normes le samedi matin. 5 euros l’entrée.