Dans la nuit de samedi à dimanche, Kamal Ouchrif, un jeune toulousain de 19 ans, décédait en tombant du pont Neuf. Guy*, le seul témoin occulaire des faits, et qui a prévenu les pompiers, raconte le déroulement des événements.
Vous avez été témoin de l’accident mortel du Pont Neuf. Comment le pire s’est-il produit ?
Je suis, en effet, le seul témoin occulaire de l’accident. Je marchais sur le pont en direction d’Esquirol. J’y étais engagé depuis une vingtaine de mètres, je venais de Saint-Cyprien, lorsque j’ai vu un garçon arriver en courant sur la margelle (le rebord du pont). Deux amis et sa copine lui disaient d’arrêter et couraient à sa hauteur. Il était alors au milieu du pont. J’étais encore à quelques mètres lorsqu’il est tombé. J’ai entendu un bruit sourd, mais je n’ai pas vu s’il avait heurté dans sa chute une pile. C’est arrivé très vite. Lorsque je suis arrivé sur le lieu où il était tombé, je voyais encore les remous de l’eau. Un de ses amis a franchi le parapet. Je lui ai dit de faire attention à ne pas tomber et j’ai appelé les pompiers. Ses amis hésitaient à sauter pour lui venir en aide. Finalement, ils se sont rendus à la prairie des filtres, et deux d’entre ont plongé à l’eau. Ils n’ont pas réussi à arriver jusqu’à la pile du milieu. Ils étaient trop fatigués, avaient froid et étaient désorientés.
J’ai rappelé les pompiers qui n’étaient pas arrivés pour les prévenir qu’il fallait également prévoir des couvertures de survie pour les deux amis qui étaient torses nues sur une pile du pont.
Comment cela s’est-t-il passé avec les autorités ?
Lorsque les pompiers sont arrivés je leur ai indiqué que la victime avait dû dériver, et devait se trouver de l’autre côté du pont. Plusieurs camions de pompiers sont venus. Un zodiac est allé récupérer la victime. Les pompiers m’ont dit qu’il était inconscient. Ils ont également récupéré les deux amis. Les policiers ont pris une première déposition sur le pont, m’ont demandé mes papiers d’identité, et se sont assurés que j’étais moi-même dans un état normal. Puis, ils m’ont emmené au commissariat pour que je témoigne des faits. Je suis monté dans une voiture où il y avait des chiens dans la malle arrière, séparé de nous par une vitre en pexiglas. J’ai donné mon témoignage. Je suis resté au commissariat de 4h30à 6h du matin. On m’a d’abord informé, sur place, que la victime était décédée, que sa tête avait percuté une pile. Puis une femme a dit qu’il avait repris conscience dans l’ambulance. C’était assez confus. Je n’ai appris que plus tard qu’il était décédé.
Etes-vous choqué, la victime était jeune comme vous ?
Je suis attristé, oui. Je compatis avec la famille et les proches de la victime. Et, je me dis que ça fait réfléchir sur les soirées festives et alcoolisées. Je pense aussi aux amis de la victime qui doivent être particulièrement choqués. Je sais que les deux, qui ont plongé à l’eau, étaient en hypothermie et ont fini à l’hôpital de Rangueil. La copine de la victime très choquée et a été également prise en charge.
Propos recueillis par Florian Gibert Abensour
* Le prénom a été changé à la demande du témoin.