La Commission veut transformer les patients en clients
Et les médicaments en de simples marchandises
Alors que les premières analyses de la nouvelle architecture progressent et que les Parlementaires européens préparent les auditions des Commissaires postulants, les premières incohérences voient le jour. « Parmi celles-ci cette décision surprenante de transférer les produits de santé et l’Agence européenne du médicament (EMA) du département Santé (SANCO) vers le département Entreprises. En d’autres termes la Commission estime que les patients deviennent des clients, et les médicaments comme de simples marchandises » prévient Marc Tarabella, en charge de la protection des consommateurs au Parlement européen et impliqué dans la récente législation sur la traçabilité des produits de santé et la lutte contre les faux médicaments.
» La Commission, par cette décision, fait le choix de prôner les intérêts industriels et économiques. Le médicament devient dès lors une marchandise alors qu’il devrait être avant tout considéré comme un produit de santé publique. »
Un des problèmes majeurs d’un point de vue technique et même législatif, c’est que les législations seront rédigées sous un angle commercial, tandis que les avis scientifiques pourraient être tranchés en fonction d’une réalité industrielle, non plus citoyenne.
Un autre risque est de voir apparaître sur le marché de plus en plus de médicaments n’apportant pas de réels progrès médicaux.
En ce qui concerne l’EMA, le signal est tout aussi alarmant. L’EMA est une agence outrageusement lobbyée, mise sous pression en permanence par les entreprises du secteur, un peu comme l’est l’Agence alimentaire EFSA par le secteur Agro-alimentaire. Dans les deux cas, leurs avis scientifiques peuvent aussi avoir de lourdes conséquences sur les entreprises.
« L’Agence européenne du médicament se doit d’être totalement indépendante des entreprises vu que son unique but est la protection de la santé des citoyens européens, non pas de la santé financière des entreprises pharmaceutiques. Le citoyen a beaucoup à perdre dans cette nouvelle approche de la Commission » rajoute encore l’Eurodéputé PS Tarabella.
Ce matin, nous avons déposé une interpellation au bureau de Jean Claude Juncker pour qu’il s’explique sur sa décision. Nous interrogerons également les candidats Commissaires, à la Santé d’une part, aux entreprises d’autre part, dès le début des auditions fin septembre.
Marc Tarabella
député européen, PS – Parlement Européen