Ne tournons pas autour du pot : au lendemain de ce 23 mars, la République est menacée d’un désastre politique et la gauche se trouve au bord de la catastrophe. L’abstention, qui concerne principalement les villes populaires et l’électorat de gauche, exprime l’immense colère des citoyens dont on piétine, depuis trop longtemps, les votes et les aspirations. Si c’est la gauche, dans ses diverses composantes, qui fait les frais de cette situation, c’est que l’austérité gouvernementale la désoriente et la divise en profondeur. Qui s’en étonnera au moment où, avec le « pacte de responsabilité », on distribue 30 milliards au patronat tandis que l’on annonce 50 milliards d’amputation de la dépense publique, au détriment des services publics, des collectivités territoriales et de l’investissement productif ? La gauche anti-austérité, et particulièrement le Front de gauche, résistent bien mais, globalement, c’est la droite qui profite des coups portés au peuple par le gouvernement. Et c’est l’extrême droite qui s’enracine un peu plus dans la vie publique, au point d’avoir déjà conquis Hénin-Beaumont et de pouvoir se maintenir, au second tour, dans la moitié des villes où elle était présente. Chacun à gauche se retrouve devant ses responsabilités. A vouloir accélérer la mise en oeuvre d’une politique en échec évident, comme le souhaite manifestement le président de la République, on ira immanquablement dans le mur. La question est à présent posée de la convergence de toutes les énergies à gauche, dans leur diversité, pour imposer la sortie de l’austérité et un changement de cap. Pour la mise en oeuvre d’une politique de relance qui donnerait la priorité donnée à l’investissement public,à l’engagement d’un processus de transition écologique créateur de millions d’emplois, à l’augmentation des salaires et des pensions.
D’ici le second tour de ces élections municipales, l’urgence est d’empêcher la droite et l’extrême droite de s’emparer de dizaines de villes et d’en faire les laboratoires de politiques de destruction sociale et de régression démocratique. Elle est à la construction des plus larges rassemblements à gauche dans des majorités municipales entendant conduire des politiques publiques orientées vers les attentes des populations. Les électrices et électeurs de gauche qui, ce 23 mars, se sont abstenus pour exprimer une légitime colère ont tout à perdre à laisser leurs villes entre les mains de leurs pires adversaires. Déjà lourdement affectés par les conséquences des choix de François Hollande et de l’exécutif, ils se condamneraient même à une double peine en laissant la droite el Front national sortir gagnants de ce scrutin. Le Front de gauche doit être aux avant-postes de cette bataille essentielle.
24 mars 2014.
Christian PICQUET
Porte-parole de Gauche unitaire
Cofondateur du Front de gauche
Conseiller régional de Midi-Pyrénées