Cette année, le discours prononcé par les élus et représentants de l’Etat lors des commémorations du 11-Novembre, sur tout le territoire, a été très inhabituellement écrit par le Président de la République. La coutume donnait ce rôle au secrétaire d’Etat aux anciens combattants ou au ministre de la Défense. « Or, à la veille de l’année électorale de la Présidence, cette décision est choquante » explique Pierre Cohen. « Choquante car ce texte sonne comme un discours où l’ombre du candidat apparaît fortement. Ce texte national et normalement fédérateur comporte en filigrane une proposition de commémoration unique inacceptable. Non seulement des élus sont en opposition forte avec cette idée mais aussi les associations d’anciens combattants les plus importantes. Les années passant, elle comporte un risque fort et intolérable de glissement vers l’oubli pour des milliers de Français morts pour leur pays.»
«Déjà en 2008, je dénonçais le rapport Kaspi au gouvernement qui préconisait un allégement des commémorations. Aujourd’hui alors que la construction européenne est fragilisée, l’Histoire doit s’imprimer plus que jamais dans nos mémoires. A l’heure où notre pays doit continuer de lutter contre le racisme, l’antisémitisme, et les réflexes de repli sur soi, les commémorations sont autant de moments précieux où des générations réunies se souviennent et réfléchissent ensemble aux attitudes qui ont permis l’horreur. Comme en 2008, je refuse l’idée même d’une concurrence mémorielle, savoir qui sera digne d’un travail de mémoire des jeunes générations, qui ne l’est pas et l’idée même que des morts pour la France, pour la liberté, pour l’égalité ou pour la fraternité puissent être oubliés.»
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